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Monsieur le président, bonsoir. Quand on fait la liste quand même. Non-respect de l'embargo sur les armes en Libye, envoi de mercenaires dans le Haut-Karabakh, atteinte à la souveraineté territoriale grecque, offensive contre nos alliés en Syrie continue. Achat de missiles russes. Chantage aux migrants. Que faire face à un responsable politique qui donne l'impression de ne pas respecter les règles?

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D'abord, tout ce que vous dites est vrai, mais que faire? A partir de là, c'est la question. D'abord, il faut réagir à chaque fois fermement ce que nous avons fait. Et donc, quand on déplace justement des frégates de la marine française au contact, on envoie un message très clair vous dites pardonnez moi, je vous écoute, monsieur le président, c'est jeu.

[00:00:41]

C'est la France, c'est la France, l'Europe, c'est l'OTAN.

[00:00:44]

Là, vous avez aussi raison de la France a été très clair quand il y a eu des actes unilatéraux en Méditerranée orientale, nous les avons condamnés avec des mots et nous avons agi en envoyant des frégates. Ensuite, nous avons obtenu que ce soit condamné dès septembre 2020, juste après l'été. Au niveau du Conseil européen, l'OTAN.

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C'est la déclaration que j'ai faite il y a un peu plus d'un an. Je considère n'est pas suffisamment clair avec ce sujet. La Turquie est un allié de l'OTAN. Est il normal qu'un allié de l'OTAN mène des actes unilatéraux comme cela contre d'autres alliés et surtout procéder dès le début à l'égard de nos partenaires? En Syrie, ceux qui se sont battus contre Daesh sur le terrain ont été attaqués par la Turquie. Nous avons besoin de clarifier la place de la Turquie dans l'OTAN.

[00:01:34]

Normalement, entre alliés, il n'est pas possible de faire plusieurs choses que la Turquie a fait ces derniers mois. Donc, tout ça est vrai. Je l'ai condamné au sein de l'OTAN. J'ai agi en tant que nation, nous avons agi en tant que nation et nous avons fait un travail conséquent de conviction des autres Européens pour que l'Europe est une voie beaucoup plus ferme parce qu'il y avait beaucoup de complaisance. C'est ce que l'on peut faire. Moi, je pense que l'une des situations les plus graves, c'est ce qui se passe en Libye.

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Vous l'avez dit, malgré la conférence qu'on avait tenu à Berlin, Turquie n'a pas tenu sa parole. Elle a envoyé des combattants étrangers et elle a envoyé son armée. Moi, je mets beaucoup de pression pour qu'on ait maintenant un retrait. Donc, il y a eu un changement très profond, une évolution radicale. Certains pensent que le dire trop fort, c'est prendre un risque.

[00:02:19]

Moi, je ne suis pas là pour être sûr de bien comprendre la Turquie partir. D'accord, la position que tiennent beaucoup d'Européens, c'est de dire être trop dur avec la Turquie aujourd'hui, c'est prendre le risque de la voir partir encore plus loin. Moi, je suis sensible à cela parce que je pense que je l'ai souvent dit l'Union européenne, si elle veut la paix et bâtir une architecture de paix dans notre plaque européenne, si je puis dire. Nous devons savoir avoir un dialogue.

[00:02:46]

Dans la durée avec la Russie et la Turquie, qui sont les deux grandes puissances de cette région. Donc oui, il faut un dialogue avec la Turquie. Oui, il faut absolument tout faire pour que la Turquie ne tourne pas le dos à l'Europe et n'aille vers plus d'extrémisme religieux, des choix géopolitiques qui soit encore plus dangereux ou négatif.

[00:03:03]

Pour nous, c'est encore un partenaire. C'est un partenariat. Oui, c'est un partenaire sur des sujets sécuritaires quand il y a des individus dangereux venant des zones syriennes. C'est un partenaire sur les sujets de migrations. On peut dire ce qu'on veut, mais la Turquie, aujourd'hui, est le pays au monde qui a le plus de réfugiés venant de la zone syrienne, même quand il fait du chantage aux migrants. D'abord, je reconnais les faits. C'est un fardeau, c'est une responsabilité.

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Ils l'ont prise, ils ont 3 millions, à peu près de réfugiés. Il faut qu'on se représente ce que ça veut dire et donc c'est un fait politique aussi. Moi, je n'ai jamais accepté le chantage qui a pu avoir plusieurs tentatives, mais en même temps, je ne peux pas nier qu'il y a une responsabilité et qu'ils jouent aussi leur rôle. Donc, c'est un instrument de pression sur le sujet migratoire. Nous devons travailler avec la Turquie. Si, du jour au lendemain, on dit on ne peut plus travailler plus de discussion, il ouvre les portes et vous avez 3 millions de réfugiés syriens qui arrivent en Europe.

[00:03:54]

Donc, vous voyez bien que même si on est très dur, très lucide, on doit travailler avec la Turquie, quelles que soient les outrances, quelles que soient les attaques, quelle que soit réagit à chaque fois, alors en particulier, une question.

[00:04:06]

Le président Erdogan nous a traité d'islamophobe après le discours des Mureaux. C'était une attaque contre vous, mais aussi contre la France, contre le modèle français de la laïcité. Il a été relayé ce message d'Erdogan dans d'autres pays musulmans, n'est ce pas la partie la plus inquiétante du projet de Recep Tayyip Erdogan?

[00:04:26]

Il y a très clairement, en quelque sorte, une rente politique. Dans certains pays de la région, aidés par des grands médias, qui est de dire quand la France essaie de régler ses problèmes, c'est qu'elle a un problème avec l'islam. C'est une rente politique parce que c'est infusé partout dans les opinions publiques en Afrique, dans la région et jusqu'à chez nous. Très clairement, il y a eu à l'automne dernier une politique de mensonge, mensonge d'Etat, mensonges relayés par les organes de presse contrôlés par l'Etat turc, relayé largement par certaines grandes chaînes où je suis allé m'exprimer, d'ailleurs contrôlée par le Qatar.

[00:05:02]

Je m'en suis expliqué d'ailleurs avec l'émir et donc nous avons. La France a subi pendant plusieurs semaines une offensive en règle politico religieuse menée par des pays de la région, relayés par des grands organes de presse, des organes d'influence qui irriguent dans tout le Maghreb, le Machrek, l'Afrique et en France.

[00:05:21]

On m'a fait dire des choses que je n'ai jamais dites. Je soutiens les caricatures contre le prophète, n'est jamais dit cette phrase.

[00:05:28]

Je n'ai pas d'ailleurs à le dire. J'ai soutenu la liberté d'expression. Donc, on a traduit de manière fausse, falsifiée, mon discours et on a présenté la France qui lutte et qui continuera de lutter contre les extrémismes qui la menacent et qui menacent l'Europe comme un pays qui avait un problème avec l'islam. Je m'en suis expliqué. Je m'en suis expliqué sur Al-Jazira, voulant rétablir la vérité auprès des auditeurs des téléspectateurs. Je m'en suis expliqué auprès du président Erdogan en lui disant qu'il avait dû être victime de mauvaise traduction.

[00:05:57]

Mais je ne suis dupe de rien de ce projet, mais je n'y cèderait rien. Je pense que c'est très important que d'abord, nos concitoyens soient au clair. On parle de système où la presse n'est pas libre. On ne parle pas d'information, mais de propagande et où il y a une démarche claire, politico religieuse, qui est d'affaiblir les principes des Lumières, c'est à dire ce que nous portons, la capacité à vivre ensemble dans une société où on ne croit pas la même chose.

[00:06:22]

On n'est pas d'accord sur beaucoup de choses, mais on se construit comme citoyen dans une relation à un universel qui nous dépasse.

[00:06:28]

Une tentative d'ingérence, y compris sur le sol français, bien sûr, évidemment, en jouant sur l'opinion publique. Et il y aura des tentatives d'ingérence pour la prochaine élection de la part des Turcs. Mais évidemment. C'est écrit et les menaces ne sont pas voilées, donc je pense qu'il faut qu'on soit très lucide. Je considère que ça, c'est insoutenable. Après moi, j'ai noté depuis le début d'année une volonté du président Erdogan de se réengager dans la relation.

[00:06:55]

C'est ce que je lui dis tout à l'heure et donc je veux croire que c'est possible ce chemin. Mais je pense qu'on ne peut pas réengagés quand il y a des ambiguïtés. Et je pense qu'en tout cas, je ne veux pas réengager une relation apaisée.

[00:07:04]

Si il y a derrière, de telles manœuvres qui se poursuivent, défilèrent un peu plus que ça. Je pense qu'il y a aussi une forme de défiance à l'égard de l'histoire de la Turquie. Et je n'oublie pas que toutes celles et ceux qui sont attachés à cette valeur qui apparaît parfois très française de laïcité et qui est au cœur de notre République. Mais est ce qu'on pourrait appeler plus largement une forme de sécularisme, c'est à dire justement l'idée que la société, elle, doit vivre avec ses principes séparés en quelque sorte du religieux, et que les femmes et les hommes sont avant tout des citoyennes et des citoyens?

[00:07:37]

Je rappelle que le grand pays, la grande nation qui l'a porté dans la région, c'est la Turquie, la Turquie et le héros fondateur de cette Turquie moderne, c'est Ataturk qui, je le rappelle, et l'idole du président Erdogan. En tout cas, dans ses premiers pas, je veux aussi me rappeler de cela et du message de paix, de tolérance que la Turquie a supporté. Moi, je pense que la Turquie s'étant encore portée cela, je nourris cet espoir.

[00:08:02]

C'est pour cela qu'il n'y a chez moi aucune animosité à l'égard de la Turquie et qu'il n'y a aucune y aura toujours un engagement très fort. Il y a un désaccord profond avec le président Erdogan sur ce qui nous sépare et avec beaucoup de clarté et de respect pour ce qui me concerne. Mais il y aura toujours la volonté d'engager un pays, un peuple plus grand que le moment qu'il vit.

[00:08:24]

Merci monsieur le président. Merci à vous.