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Raconte Christophe Hondelatte. Aujourd'hui, je vais prêter ma voix à un homme qui a connu la plus extrême des douleurs, une douleur faciale qu'on appelle l'Algérie vasculaire de la face. Il s'appelle Christophe Tauro et il raconte son histoire dans un livre paru aux éditions Fauves. La vie est un sport individuel et il est là, bien sûr, pour Jean-Christophe Jean-Christophe. On va donc écouter votre histoire. On se parle après. C'est une histoire que j'ai écrite avec Simon Veille.

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Réalisation Céline.

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Christophe Hondelatte. La première fois, la première crise, c'était au bord de la mer, dans le Morbihan. Pendant les vacances, en août 1985, j'avais 18 ans. Je me souviens, j'écoutais du dao dans ma chambre.

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Je n'ai rien vu venir. D'abord, une gêne sur le côté droit du crâne. Et puis, une douleur eu une douleur qui gagne du terrain, la voix derrière l'œil. Et puis, dans la narine droite, décuplée, difficile de respirer. Et puis, un voile sur la vie, les larmes.

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Je n'ai jamais ressenti ça comme un tournevis. Quand vous rentre dans l'œil, une fracture ouverte, une amputation sans anesthésie qu'une sciatique tue ciboulot bordaient. C'est quoi ce truc? Ça dure comme ça deux bonnes heures et après, plus rien. Et à partir de là, je pense à autre chose. J'ai 18 ans. Mes parents m'ont offert de faire ma terminale dans un lycée français au Texas, à Austin, hier.

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Trophiques.

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Ça fait quoi un bon mois et demi que je suis devenu Texan et ça revient et ça ne passe pas inaperçu. Il est midi et demi, je suis au self. Mon plateau de malbouffe entre les mains, c'est tellement violent que je tombe dans les pommes. Et quand j'ai Merv, il y a trois ou quatre visages penchés sur moi. Des types comme échappés d'une série américaine chemise bleue à épaulettes, les Ray-Ban accrochées à la poche, talkie walkie à la ceinture, c'est la police du campus.

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Près Mario Christmann, peu one mal. Terrible Lidec d'Atholl, Farinas, tueuse Need to Sleep Un monde de Goba to Malloum. Je leur dis que ça va mieux quand j'ai besoin de dormir, que je veux retourner dans ma chambre et ils me conduisent en voiture jusqu'à mon bâtiment. Je suis sous le choc. Je suis sonné et Dieu fait le lien, bien sûr, avec mon épisode breton. La douleur a de la mémoire. Ça n'est que la deuxième fois, mais sur mon lit, dans ma chambre, je suis groggy.

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J'ai fait une crise là, je viens de faire une deuxième crise et si il y en avait d'autres?

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La douleur, le mal que j'ai eu ces deux fois là, il y a forcément quelque chose d'anormal et je tremble déjà à l'idée de la prochaine. Prochaine en vérité, une crise, deux crises, un va à crise tous les jours. L'ennemi se pointe en général en fin de matinée sur les coups de 11 heures. D'abord, une petite pointe derrière l'œil. Presque rien. Une gratouille. Mais je sais que c'est le top départ. Et là, personne ne peut plus rien pour moi, personne.

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Donc je m'isole, je n'ai pas envie qu'on me voit comme ça. Je me recroqueville sur moi même, la tête qui bouge de haut en bas à se tirer sur la tignasse et parfois, je me tape la tête contre les murs et d'autres fois, je fais le poirier à me foutre le feu dans les bras pour faire affluer dans mon crâne le maximum de sang pour diluer la douleur. Il m'arrive aussi d'aller courir une heure ou deux ou de prendre mon vélo pour provoquer une accélération cardiaque qui me soulage un peu.

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Et puis souvent, je prends une douche glacée. Coup de chance. L'eau des sanitaires de l'Université Saint-Édouard est gelée comme celle d'une fontaine. Y'a que ça qui peut apaiser la fin de la crise? La pluie gelée sur mon crâne meurtri. J'ai froid, je tremble, mais la douleur se fait plus tocs. Alors je trouve la force de rester sous cette source à 10°.

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Je suis venu là aux Etats-Unis, à Austin, au Texas, pour passer ma terminale pour passer mon bac. Je ne vais pas y arriver. Il y a un problème. J'ai épuisé tout ce qui a un rapport avec le EDHEC, le mal de tête au drugstore du coin, le tag, les nobles, le Nurofen, la Ville, le CVS ne Walgreen, Pairing, Wyclif, ça n'a pas eu plus d'effet que des MNM. Il faut que je vois quelqu'un commander.

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Et là, on est aux Etats-Unis. C'est pas simple pour les Américains, alors pour un étranger, dans les années 80, c'est un gymkhana. Par un voisin de chambre dont la mère est médecin, j'obtiens un rendez vous avec le cador local de la Caboche, professeur à la fac de médecine de l'Université du Texas, grand spécialiste de la migraine. Il paraît que je suis un privilégié, lui aussi remarqué, vu l'épaisseur de la moquette de son cabinet et le prix de sa consultation 100 dollars mille francs de 1985.

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Et tout ça pour cinq minutes. Il ne m'a pas écouté un escroc et à la fin, il m'a donné un mini cachet de couleur rose en me disant Vesse et rien ne vient.

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Problème sonne. C'est la fin de tes problèmes? Fiston, un escroc? Aucun effet, aucun.

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Ça fait trois mois que je suis à Hosting et ma vie est devenue impossible. Je manque un cours sur deux. Presque tous les jours, j'ai pris du retard. Mes parents, à ce qu'ils savent, je les appelle bien sûr, comme on appelle à l'époque une ou deux fois par semaine en PCV d'une cabine.

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A Sagouin de Colette, Call to Friends, Tout Friends, Please! Et en plus, ça coûte une blinde et donc ça dure rarement plus de 5 minutes. Ce que comprennent mes parents? Je ne sais pas. Je ne veux pas les affoler. Et finalement, c'est le directeur du lycée qui les appelle et qu'il est convaincu que je dois rentrer en France et donc je rentre.

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Là dessus, en France, ma mère décide de répondre par l'irrationnel, l'acupuncture. Le docteur Loriers, jolies demeures de pierres de taille en Touraine, il paraît qu'il fait des miracles. Et d'après ce qu'on dit, le roi du Maroc lui même a 102 ans, vient chez lui se faire planter des aiguilles aouélé.

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Il me reçoit dans une pièce de sa maison. La salle d'attente est dans le couloir. Il y a des odeurs de cuisine. C'est agréable, cette ambiance familiale. Je lui explique mes symptômes. Ça ne semble pas l'impressionner. Il pose ses aiguilles. Bien, j'ai travaillé là où le bât blesse. Forcément, le nerf va se rebiffer. Attendez vous à faire une ou deux crises dans les prochaines heures. Je suis retourné le voir une bonne dizaine de fois dans les années d'après.

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Il n'a jamais vraiment résolument problème, mais son calme, son assurance sans prétention m'ont toujours donné le sentiment assez rare et donc précieux d'être dans de bonnes mains.

[00:10:14]

Quand la douleur ne frappe pas. C'est qu'elle frappera. La puissance de cette pathologie et de ses victimes parce qu'elle engendre un niveau de souffrance qui confine au supplice. La douleur quand elle est insupportable. Douffiagues. Elle s'immisce. Elle se diffuse dans chaque recoin de mon labyrinthe intérieur. Elle fait partie de moi. Cette peur est gravée comme un fossile dans une pierre millénaire. Après deux mois de crise, elle m'a Boufflers, le cerveau. Il y a l'avant crise, la crise, l'après crise.

[00:11:00]

Et moi, dans tout ça, il ne me reste que des miettes. A un moment, il faut bien redevenir cartésien et passer par le plus classique, le conventionnel, le rembourser sécu et donc rendez vous chez un ponte de la migraine, le docteur Boltanski à l'hôpital Lariboisière à Paris. Ça commence par un scanner.

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Ecoutez, à l'analyse de l'image, je ne vois rien d'anormal. Mais tout va bien. Non, mais je souffre toujours à crever. Vient ensuite le docteur que j'ai baptisé Fi esté je Cetto, un petit bonhomme aux cheveux gris un peu voûté, costume de velours, cravate en laine à la Jean d'Ormesson, bourré de certitudes et totalement dénué d'empathie, même s'il mettent un mot sur mon mal. Vous souffrez, monsieur, de ce qu'on appelle une allergie vasculaire de la face?

[00:12:18]

J'explique une artère que l'on appelle cérébelleuse vient comprimer un nerf que l'on appelle trijumeau, qui se situe là entre l'œil et des oreilles. Je vais donc vous prescrire de la Locard dealent 1. C'est du chlorhydrate de propranolol. C'est un bêtabloquants. Ça va bien vous soulager.

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Il dit ça avec tellement d'aplomb qu'on a envie de le croire, mais nib, nada, rien de rien. Aucun effet. Ou si peu. Mais bon, ça m'a fait un peu de bien au moral. Le sentiment d'être épaulée, d'être loin de la solitude des premières semaines de crise. Je rentre au Texas, je passe mon bac pendant les examens. Pas l'ombre d'une crise. Ouf! Je m'inscris! À Sciences Po à Paris. Après les trois premières années de crise.

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Perdu pour perdu, je décide d'aller voir un psy, un psychanalyste, rue de Rennes à Paris. Accueil digne d'un équipage de Ryanair. Assez vite, je lui trouve un petit nom, le mérou, à cause de ses lèvres et surtout du fait qu'il ne prononce pas un mot ou presque. Alors quoi? Vous ne m'expliquer pas comment notre travail va se dérouler? Non. C'est votre travail. Alors. Je comprends sa démarche, cette façon de me responsabiliser, de m'obliger à prendre les choses en main.

[00:14:13]

Il n'y a que moi qui peux démêler ce sac de nœuds, mais enfin, j'ai envie d'un peu de dialogue, de conseils, d'une mise en route en douceur, d'une bougie pour guider mes premiers pas. Il m'est arrivé de rester des séances entières sans prononcer un traître mot.

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Bonjour, au revoir. Tiens, voilà! S'emballe fumiers! J'ai aussi essayé le magnétiseur, mais tu sais, ils font des miracles parfois. Moi, je n'ai jamais eu d'appétence pour ces pratiques, disons parallèle. Je vais le voir chez lui, la quarantaine, puls, col roulé, pantalon en velours côtelé des Mephisto 9 aux pieds, un petit Kabiné dans le garage de son pavillon froid, lumière jaunâtre. Pourriez vous me raconter en détaillant avec précision. Ce qui vous paraît problématique dans votre vie?

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l'Enfance, les sources de conflits, les regrets, les accidents. Je n'avais rien à perdre. J'ai parlé une bonne heure. Il ne m'a jamais renoncé, jamais demandé une précision. En vérité, il n'en avait rien à faire. Maya. Je me suis connecté avec vous, monsieur. Il me semble y avoir un problème avec votre appareil digestif, c'est le nerf de la guerre. La digestion, c'est le moteur. On sait si ça cafouille. C'est comme une voiture.

[00:15:48]

Vous n'allez pas trop, moi. Il a raison. J'ai déjà fait le lien entre mon ventre et mes douleurs. Mais est ce que c'est la tension électrique de mes douleurs qui me colle des nœuds de chaise à l'estomac? Ou est ce que c'est l'inverse? En tout cas, pendant votre récit, j'ai fait le ménage. Ça va mieux circuler là dedans. Autrement dit, sans me manipuler par la seule force de ses ondes, il a nettoyé le carburateur.

[00:16:23]

En pratique, ça n'a pas changé grand chose.

[00:16:29]

Quand j'ai une crise, je cherche des voies de délestage. Une diversion. Je m'accroche à n'importe quoi, à autre chose. Tiens, tiens, c'est dommage que Pif Gadget ait disparu. C'était bien les gadgets ou il est mon vélo orange de chez Manufrance que j'ai m'étant. Claudia Cardinale serait avec Jacques Chirac. Sans déconner, n'importe quoi, pourvu que je pense à autre chose, à des choses futiles, en total décalage avec ma souffrance. Ou alors je regarde des séries débiles sur la cinq voisins voisines.

[00:17:04]

Tendresse et passion. Le vertige du vide fait un chouïa diversion avec ma douleur.

[00:17:17]

Et puis, il y a le sexe aussi. Je me demande si ce n'est pas l'arme fatale anti Hajdu baiser comme un animal sans retenue. Et là, ton sang qui file à toute allure dans tes artères, refoule cette putain de douleur comme le mistral chasse les nuages. Bon, la limite, c'est qu'il faut une crise et une fille en même temps. Et puis, moralement, ça me pose un problème. Je ne peux pas dire à ma petite amie il faut s'allonger là tout de suite.

[00:17:46]

J'ai une migraine. La réduire à une poupée gonflable. À un moment, je me suis demandé s'il ne fallait pas carrément aller aux putes. Sauf que mettons que je l'appelle. Combien de temps va t elle mettre à arriver?

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Et puis, en pleine crise, elle va me prendre pour un désaxé échappé de Sainte-Anne en 1991.

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Ça fait six ans que je souffre et je couvre comme journaliste la finale de Roland-Garros. Agassi face à Jim Courir pour BFM Radio et Tennis Magazine, je dois intervenir toutes les demi heures pour faire un point sur le score, langoisse. Comment est ce que je vais faire si je commence à déguster juste avant d'intervenir? Pourvu que mon trijumeau soit au repos ce dimanche. Je l'ai fait courir à gagner et moi, j'ai tenu.

[00:18:49]

Cela a duré 20 ans, cette vie, cette vie avec une épée de Damoclès au dessus de ma tête.

[00:19:08]

J'ai rendez vous avec le docteur, le neurologue, la trentaine, une voix un peu haut perchée et surtout de la tension dans le regard. Après deux décennies en baver des ronds de chapeau, elle est la première qui montre une vraie compassion. Et cette empathie, c'est tout. Mais ça fait un bien fou. Quand j'entre dans son bureau, je ne sais pas qu'elle va changer ma vie. Et le Suma tripotant? On ne vous l'a jamais proposé, quoi?

[00:19:40]

Le Suma tripotant, c'est une injection pour tous ceux qui n'y sont pas allergiques. C'est d'une efficacité assez formidable. Vous faites l'injection vous mêmes en intramusculaire avec un injecteur automatique équipé d'une aiguille très fine. C'est très facile. Il faut juste appuyer sur le bouton. Ces nouveaux. Non. Enfin, c'est pas très vieux non plus 6 ou 7 ans. Les bras m'en tombent. Ça fait peut être 6 ans que ce machin existe et que je passe à côté de la solution.

[00:20:17]

Alors j'ai ma part de responsabilité. À un moment, j'ai baissé les bras et déposé des armes au pied de l'ennemi. Je vous fais une ordonnance, on tente le coup. Lancé UBS. De toute façon, au bond où j'en suis, elle sort une feuille de maladie d'une couleur que je ne connaissais pas. Gris bleu. Ah oui, c'est une ordonnance d'exception pour des médicaments à part. Je ne suis pas en train de vous prescrire de l'aspirine.

[00:20:58]

Je n'oublierai jamais l'air catastrophé du pharmacien à qui je tends mon ordonnance. Il la lit, il la relit. Il lève lentement le visage. Venez, venez, on va se mettre sur la caisse complètement à droite, on sera plus tranquille. Bon, déjà, pour commencer, sachez que je l'ai en stock, ce qui n'est pas toujours le cas. Les clients sont rares. Ces médicaments très chers, comme vous le savez sans doute. Ah non, non, c'est quoi chère?

[00:21:25]

45 euros l'injection? Je vais vous en donner deux boîtes, ça fait quatre injections. Ah bon, je peux avoir mal, quasiment tous les jours, je ne vais pas aller loin avec ça. Attendez, voyons si vous n'êtes pas allergique, ça ne fonctionne pas sur tout le monde, croyez moi. Et surtout, vous laissez six heures entre chaque prise. C'est un produit qui secoue vraiment.

[00:21:54]

En ce dimanche matin, ça fait trois ou quatre minutes que ça commence à gratouille à droite de l'occiput. Est ce que j'ai peur de ce qui va suivre? Oui, forcément. Hier, j'ai déplié et retourné la notice dans tous les sens et j'ai découvert ce drôle de machin qui pourrait devenir le compagnon de mon quotidien de petits cylindres bleus de 4 centimètres de hauteur.

[00:22:24]

Pour ce biguet, il faut se retirer du monde. Instinctivement, je choisis les toilettes. Je me retrouve sur la cuvette, le faloir en accordéon sur les chevilles. Je vis le cylindre sur l'injecteur, un gros stylo de la taille d'un Bic quatre couleurs et clac! J'ai rien senti. Je saigne, je colmatent avec du papier toilette. Quelques secondes après son picotement dans le haut du dos, comme si des milliers de fourmis se mettaient à courir à l'intérieur de moi, le mâle se débat.

[00:23:06]

Il tente une échappée vers la droite. Il refuse de capituler, son bâtard. Et ça marche. En moins d'un quart d'heure, toute trace de douleur a disparu et je n'ai aucun effet indésirable. C'est un choc presque aussi grand que celui de ma première crise. Je crois bien que j'ai trouvé la solution vers une nouvelle liberté. Je redevient le maître du jeu.

[00:23:36]

Voilà donc pour cette histoire que vous avez écouté et qui est essentiellement écrite avec vos propres mots. Je vous ai juste fait un sale coup. Vous l'avez écrit au tu comme quelqu'un qui ne voulait pas non plus totalement, sans doute, se livrer ou livrer toute son intimité. Et moi, je l'ai passée au jeu.

[00:23:55]

C'est vrai que ça a été. C'est marrant que vous aborder ces sujet Feaster parce que ça a été un vrai sujet de discussion avec le premier éditeur avec lequel j'avais travaillé, qui avait envoyé une première partie avec le tube. Il m'a dit Je ne sent pas l'affaire refait avec le jeu. Ce que j'ai fait. Et puis finalement, je le sentais pas. Donc, je suis revenu au dessus et finalement, ça me plait mieux parce qu'effectivement, il y a une certaine notion de distance et en même temps, je trouvais que c'était le moyen pour que le lecteur se mette à ma place.

[00:24:26]

Alors, ce médicament, le Suma Tripot? Est ce qu'il vous a soulagé dans les années qui ont suivi?

[00:24:32]

Est ce que sa durée a complètement complètement changé ma vie, à savoir à chacune des crises? Si effectivement, j'avais bien mon ami injecte le produit fini s'appelle l'IMI GECT avec moi, que j'avais surtout l'occasion de pouvoir aller faire ma piqûre. Effectivement, dans les dix minutes, un quart d'heure de la crise, ça a marché. À chaque fois, il n'y a pas eu d'échec. Si il y a eu deux ou trois échecs, mais franchement, c'était complètement autre chose de savoir que je pouvais arrêter les crises quasiment quand je le voulais.

[00:24:58]

Alors après, l'angoisse était de se retrouver dans les conditions qui permettent de pouvoir faire une piqûre. Parfois, on est un petit peu coincé. Je ne sais pas. Peut être pas dans un bus et on ne peut pas. Et on se dit lucide. Il faut que je trouve le moyen d'aller faire cette piqûre. Le faire à travers le pantalon. Alors si a priori, oui.

[00:25:16]

J'ai jamais, jamais tenté le truc parce que j'avais aussi tenté de me dire ça coûte 50 euros, car je ne voulais pas gâcher. J'ai quand même pas gâché. Oui, parce qu'à l'origine, ce type de piqûres était pour l'armée américaine, pour les Jaille pendant la guerre du Koweït. Il sentait qu'il y avait des gaz chimiques, etc.

[00:25:34]

Il pouvait se faire une injection à travers le pantalon pour affronter la douleur. Aujourd'hui, les douleurs ont totalement disparu. C'est ainsi que se termine votre livre. Vous pouvez nous expliquer pourquoi?

[00:25:46]

Je n'en sais strictement rien. Je ne sais pas pourquoi c'est venu. Je ne sais pas pourquoi c'est parti. Tout ce que m'a dit le docteur Chiens, c'est son vrai nom ne s'appelle pas le chat Bajolet Andersson. Elle est dans les remerciements, donc elle s'appelle des chiens et chats. Oui, ça a l'air amusé de l'appeler le chat après avoir àl'aide féline. Elle n'est pas très loin des studios d'Europe 1. Elle est là pour Bidot. Elle est à Boulogne, à Boulogne.

[00:26:11]

Mais c'est important parce que, je veux dire, des tas de gens souffrent de votre mal s'allumant et sans doute voudront ils connaître le nom de celle qui vous a sauvé.

[00:26:19]

Absolument. C'était complètement par hasard. Mais pour revenir à la disparition des douleur, elle m'a dit deux choses. Elle m'a dit qu'elle avait eu un cas d'un autre patient. Et entre 40 et 50 ans, les douleurs avaient disparu, ce qui était mon cas, et que un petit mouvement morphologique du fait qu'on vieillisse peut être fait qu'aujourd'hui. Moi, mon erreur jumeau, qui est le nerf qui provoque la LGI vasculaire de la face. Et peut être un peu plus solitaire dans ma tête.

[00:26:47]

Et même si j'ai des émotions, même si je laccélération l'addition, on ne vient plus taper dessus. A priori, j'imagine que c'est ça. Mais je n'ai absolument pas la solution complète.

[00:26:58]

Vous racontez ensuite quelque chose d'étonnant que je n'ai pas moi même raconté que quand le mal s'arrête, vous vous trouvez orphelin de la douleur. Ça mérite une explication. Ça. Oui, il se passe beaucoup de choses au delà, au delà de la douleur, il se passe beaucoup de choses dans votre tête quand vous affrontez les douleurs extrêmes comme celles de la ligue vasculaire de la face. Et effectivement, je fais le parallèle, peut être le cépage. Je fais le parallèle dans le livre avec les femmes battues qui n'arrivent pas à aller porter plainte contre leurs maris alors qu'elles se prennent des coups tous les jours.

[00:27:31]

Il y a une dépendance, il y a une dépendance malsaine qui s'installe et c'est vrai que je sais que cela va être extrêmement bizarre ce que je vais dire. Mais je pense que les gens qui en souffrent me comprendront. J'ai presque le sentiment depuis que je n'ai plus mal d'être dépossédé de quelque chose. Ça faisait partie de moi, même si c'était un enfer. Ça a occupé votre vie? Absolument. Remplissez votre isolément à la fois. Vous le dites très bien l'avant, le pendant et l'après.

[00:27:57]

Qui, en vérité, constitue une séquence extrêmement longue. L'argent, c'est l'angoisse que ça va venir. À un moment, c'est le pire.

[00:28:04]

Je crois que c'est le pire. Pour moi, c'était le pire. C'était cette peur et je pense que je me suis déclenché des dizaines et des dizaines de crises. Inconsciemment ou consciemment, je ne sais pas pour m'en débarrasser et finalement de me dire bon, allez, c'est bon puisque ça doit finir. J'y vais, c'est mon Iva et après, j'aurai une fenêtre de tir où je pourrais faire ce que j'ai à faire.

[00:28:24]

Alors, le sentiment qui se dégage de votre histoire, Christophe Tauro, c'est que c'est une maladie sur lequel il n'y a pas de consensus. Puisque vous aller de médecin en médecin, vous commencez par un ponte américain. On pourrait penser au début de l'histoire que vous êtes bien tombé. Vous êtes dans le pays où, en général, on développe ce genre de recherche sont les précurseurs de la médecine mondiale. Et non, on dirait qu'il ne l'a pas du tout identifié.

[00:28:49]

Il ne met pas de noms là dessus. Il prend ça pourquoi? Pour une migraine?

[00:28:53]

J'imagine un gamin de 18 ans, français qui arrive de nulle part et qui vient lui dire qu'effectivement, il a des douleurs extrêmement violentes au crâne. Voilà, sans doute l'expliquant plus.

[00:29:04]

Oui, je parlais pas encore très bien anglais, mais. Voilà, c'est ça la vérité de cette histoire, mais des tas de gens qui nous écoutent ont jamais entendu parler d'un truc pareil. Absolument.

[00:29:15]

Et l'autre chose qu'il faut dire, c'est que un grand nombre de gens qui souffrent de cette maladie ont mis un temps incroyable est diagnostiqué, c'est à dire qu'ils ont vécu pendant des années sans que les médecins qu'ils ont rencontré, les spécialistes, les professeurs, peu importe, mettent un nom et puissent ensuite comprendre comment ils vont essayer de les traiter.

[00:29:36]

Parce qu'il y a plusieurs modes de traitement.

[00:29:38]

Il y a un consensus sur le diagnostic de cette pathologie. Tout de même. Oui, on peut le dire.

[00:29:44]

Et sur le fait que elle est sans doute la maladie la plus violente pour l'homme. Et c'est ça qui est très étonnant et très difficile à vivre. C'est à partir du moment où vous êtes diagnostiqué et qu'on vous explique qu'en gros, vous vivez l'enfer sur terre. Vous êtes la personne qui a le plus, qui souffre le plus. Et en même temps, on n'ai pas le sentiment qu'on s'occupe vraiment de vous. Donc, c'est complètement paradoxal. Il y a une sorte de sentiment d'abandon.

[00:30:11]

En tout cas, c'est ce que j'ai ressenti et c'est aussi ce que j'ai compris et réalisé, même de façon plus nette, depuis que le livre est paru. Parce que j'ai reçu pas mal de messages, évidemment, de gens qui vivent la même chose et qui ont vécu la même chose, ce sentiment d'abandon et de ne pas être traité à la hauteur du mal.

[00:30:28]

Ce que vous appelez la Bordon, ça commence par encaisser votre douleur, c'est à dire vous dire que on croit que vous souffrez énormément. Ce que les médecins ne font pas en général. Si j'ai bien compris, il ne commence pas par vous dire oui, monsieur. Je sais, je comprends. J'admets que ce que vous vivez est une douleur insupportable. C'est la première qu'il le fait. C'est donc absolument moi, le docteur Cachat. Alors je veux pas jeter le jeter l'opprobre sur Bigeard, raconter ça sur les médecins.

[00:31:00]

Mais les circonstances de mon parcours sont celles ci à savoir qu'effectivement, hormis le docteur, des chiens essaient à la toute fin de mon parcours, entre guillemets, de malade. On ne m'a effectivement jamais dit ce que vous venez de dire à savoir. Effectivement, vous souffrez d'un mal absolument exceptionnel. De l'empathie, quoi? Absolument. C'est vraiment moi ce qui m'a manqué.

[00:31:24]

Vous l'avez peut être trouvé, sachez l'acupuncture. En tout cas, c'est ce que je dis. Oui, absolument faux. C'est tout ce que vous avez trouvé chez lui. J'ai bien l'impression que c'est de la bienveillance absolue. C'est quelqu'un qui ne vous soulage pas, en vérité, mais qui vous écoute et qui est bienveillant avec vous. C'est ça? Absolument.

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De la douceur. L'empathie, c'est vraiment le terme exact et c'est aussi prendre le temps. Écoutez, et il y a quand même des il y a eu des périodes où il me faisait du bien. Moi, je sais que retourner chez lui était. Même si je savais qu'il y avait toujours les conséquences de sa séance parce que généralement, j'avais deux ou trois crises extrêmement violentes après. Et puis après. Ensuite, ça, c'était hier. C'était un tout petit peu mieux aller le voir.

[00:32:11]

C'était plutôt blanche. Là, il touche au nerf, absolument. Et que cette maladie a une origine nerveuse. Absolument. Vous êtes allé le voir pendant combien d'années, cette acupuncteurs qui, finalement, a été une sorte de psychothérapeute pour vous? Oui, je ne sais pas.

[00:32:25]

Je l'ai vu, je pense. Je suis allé le voir. J'ai dû le voir une dizaine de fois sur cinq, six ans peu après. Pourquoi? Après, c'était c'était compliqué parce que je n'étais pas, je n'étais pas dans la région où il exerçait. Et puis j'ai aussi étrange dans mon parcours. C'est parfois bien. J'essayais de trouver d'autres solutions, donc j'ai abandonné un petit peu celle que j'avais. J'ai essayé de faire ma petite tambouille. Alors oui, de temps en temps, je retournais le voir, mais c'était essayer de trouver la solution.

[00:32:59]

Alors il y a le magnétiseur comme autre solution. J'y suis allé une fois.

[00:33:03]

Vous y êtes allé une fois, mais vous écrivez Je n'ai pas retenu cette phrase, mais vous écrivez J'aurais peut être dû retourner le voir.

[00:33:10]

Oui, parce que en même temps, c'était il y a eu. Il y a eu un petit allez dire qu'il y a eu un petit mieux et un petit mieux. Le problème, c'est que quand vous souffrez d'Aldi vasculaire de la face, vous ne voulez pas un petit mieux. Ça ne s'arrête pas à quoi? Non, ça s'arrête. Et il n'y a que les GECT dans mon cas. Qui vraiment arrêter les crises, alors?

[00:33:32]

Il y a donc cette séquence chez le psy qu'analyste. Vous auriez pu aller voir un psychiatre ou vous auriez pu aller voir un psychologue vous aller voir un psychanalyste? Alors j'ai compris que c'était quelque chose qui vous intéresser à titre intellectuel depuis tout petit, la psychanalyse. A quoi correspond ce rendez vous? Est ce que ça correspond à des gens qui, autour de vous, vous disent Dis donc Christophe, tu crois pas que tu matthys un peu?

[00:33:55]

C'est pas. Tu ne crois pas que tu saint-mathias un peu? La démarche allait se dire qu'est ce qui fait qu'on en souffre autant? Est ce que quelque part, inconsciemment, on ne se le provoque pas? Et si on le provoquait, c'est qu'il y a des nœuds quelque part et il faut aller démêler ces nœuds. Et c'est vrai que je me suis posé la question. Mes parents se sont posé la question parce que comme on était démunis, il fallait essayer de trouver n'importe quelle solution et se dire que l'on raconte son histoire.

[00:34:27]

On essaie de trouver là où, peut être, il y a quelques nœuds. Trouver un moyen, finalement, de se détendre, d'être mieux dans ses baskets. C'était peut être un moyen d'améliorer la situation. Sans doute, évidemment pas. Ça a été le cas de régler le problème, mais en tout cas la aussi d'apposer un petit pansement. Peut être de m'aider. Parce qu'évidemment, vous êtes pris dans une sorte de mail Strome psychologique, vous êtes assommé par la douleur.

[00:34:58]

Quasiment tous les jours, pendant de très longues périodes. Oui, vous ne savez plus où vous êtes. Donc, finalement, le dialogue peut être un moyen quand même de vous aider. C'est une bouée. La question de l'hospitalisation en psychiatrie s'est posée à un moment. Non, pas vraiment. Parce qu'une crise tous les jours qui durent deux heures, trois heures en séquence complète, passée cette douleur s'ajoutant à la douleur de la veille et ainsi de suite.

[00:35:21]

C'est très déstabilisant sur le plan psychique.

[00:35:24]

Oui, absolument. Ça ne s'est jamais posé. Très honnêtement, je pensais que vous étiez jeune, peut être parce que j'étais jeune et peut être parce que comme on est jeune, on a une capacité à encaisser qui est hallucinante. Je n'en reviens pas moi même d'avoir encaissé tout ce que j'ai encaissé et d'être toujours sur mes deux pattes.

[00:35:42]

Alors, ce qui conforte l'idée qu'il y a une part psy, c'est stratégies de contournement de la douleur. Cette manière d'occuper votre esprit par autre chose. Il y a donc cette douche glacée qui a un effet aussi physique et physiologique. Y a pensé à Pif Gadget. Pensez que Claudia Cardinale a fait de coucher avec Jacques Chirac. Et puis, la pratique du sexe, tout ça, c'est une manière de penser autre chose. On raconte que c'est souvent une manière de gérer la douleur que de décaler son esprit, de décaler son psychisme sur autre chose.

[00:36:15]

D'une certaine manière, de ne pas penser à elle, ça marche un peu, ça marche un peu.

[00:36:20]

Mais effectivement, vous avez tout dit. Il faut essayer de décaler son esprit. C'était un peu sortir mon esprit de ma tête pour que, justement, je ne me focalise pas sur ce que j'étais en train de vivre. C'est extrêmement difficile, évidemment, parce que la douleur étant terrible, mais c'est là aussi, c'était une sorte de petit pis aller. C'est ce que j'essayais de faire pour essayer d'alléger mes douleurs.

[00:36:42]

Et il n'existe pas en France de centres antidouleur dans les hôpitaux. Vous avez fréquenté ces services là qui n'existaient pas à l'époque?

[00:36:50]

Ceci sans doute, mais on ne sait pas. On n'a pas été amené à. Vous avez complètement lâché l'affaire. J'ai parlé très longtemps. Je me suis dit que j'allais vivre avec ça jusqu'au restant de mes jours, sauf si je balançaient pas par la fenêtre.

[00:37:06]

Vous en parlez souvent de ça. Cette douleur est à ce point insupportable qu'à plusieurs reprises, on l'areler de sauter par la fenêtre. On l'appelle la migraine du suicide. Donc, oui, je ne crois pas qu'il y ait une personne qui a souffert de ça, qu'il n'y ait pas pensé. C'est une évidence, c'est obligé, c'est obligé. Est ce que vous savez si vous êtes nombreux en France?

[00:37:24]

J'ai dit plusieurs dizaines de milliers. J'ai lu des chiffres sur Internet qui sont très divergents.

[00:37:29]

Mais c'est extrêmement difficile d'avoir des chiffres puisqu'il y a plein de gens qui ne sont pas diagnostiqués après 50 000 personnes, 100 000 personnes. Voilà. Moi, je le dis dans le livre, c'est une ville moyenne ou un très grand stade. En gros, on en parle peu et on en parle peu. C'est pour ça que vous avez écrit ce bouquin, notamment. Et là dessus, je suis vraiment très heureux parce que depuis qu'il est paru, j'ai reçu vraiment plein de messages.

[00:37:54]

Et justement, vraiment, sur cette thématique, merci d'en avoir parlé. Merci de parler. Merci de dire qu'on existe. Merci de dire qu'on souffre et qu'on a besoin d'aide. Vraiment? J'ai reçu des dizaines et des dizaines de messages. Je n'en revenais pas.

[00:38:08]

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