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[00:00:02]

La fréquence Christophe Hondelatte Je vais vous raconter le plus formidable aventure du vingtième siècle, la première traversée de l'Atlantique en avion New York, Paris, en mai 1927 par l'Américain Charles Lindbergh, seul à bord de son fameux Spirit of Saint-Louis.

[00:00:22]

C'est une histoire passionnante que je vais vous raconter à partir du livre de Lindbergh lui même. Trente trois heures pour Paris qui, malheureusement, n'est plus édité aujourd'hui, mais que vous trouverez sur le marché du livre d'occasion. J'ai écrit cette histoire avec deux duales de Dieu le veut. Réalisation Céline Bras.

[00:00:43]

Christophe Hondelatte. En septembre 1926, j'ai 25 ans. Ça fait quatre ans que je vole un rêve qui a commencé il n'y a pas si longtemps sur les bancs du collège et aujourd'hui, je suis pilote à l'Aéropostale, aux Etats-Unis. Je transporte du courrier à travers tout le pays, par tous les temps d'un jour et de nuit. Et même dans la tempête, j'ai survolé la moitié des 48 Etats. Je compte presque 2 000 heures de vol. Je connais les courants aériens des Rocheuses, les orages de la vallée du Mississippi.

[00:01:21]

J'ai réalisé mon rêve, mais pourquoi est ce que je m'arrêterai là?

[00:01:32]

Un jour, en vol entre Saint-Louis et Chicago, d'un coup, ma pensée s'enflamme et si j'allais de New York à Paris sans escale, j'ai appris que le patron d'une chaîne d'hôtels vient de lancer le prix 25.000 dollars. A qui fera la première traversée? Et moi, je me dis si j'ai une provision de carburant suffisante, c'est le moteur ne lâche pas. Et si je garde mon cap suffisamment longtemps, je vais arriver à Paris. C'est sûr, je n'est pas plus difficile et plus dangereux que transporter du courrier par les nuits d'hiver et de mauvais temps.

[00:02:11]

J'ai réalisé tellement de choses qui m'ont paru impossibles. Pourquoi est ce que je ne réponds? Bon. Au loin, je vois le phare de Chicago. Pour l'instant, il faut que je atterrisse. Après l'atterrissage, je vais me coucher. Est ce qu'un avion peut vraiment porter assez d'essence pour voler son escale de New York à Paris? Le lendemain matin. Je me réveille à l'aube. C'est la partie désagréable du service postal et en me rendant sur le terrain et pendant tout le vol retour vers St.

[00:02:54]

Louis. Je ne pense qu'à ça et il me faut un avion moderne. J'aurais bien voulu un avion, voire être Blanka. Il va plus vite que les autres. Il consomme deux fois moins d'essence, mais je n'ai pas assez d'argent. Je n'ai que quelques milliers de dollars qui viennent de mes économies d'enfants. Et cet argent, c'est ma sécurité d'emploi. Je suis prêt à le risquer dans mon projet, mais ça ne pourra payer qu'un tout petit morceau dans Blanka.

[00:03:21]

Il faut gagner des gens riches à mon projet, des gens, Jean-Quentin, à la fois de l'argent et des taux l'influencent. Je pense à un Hampson. Il est le directeur d'une compagnie d'assurances. Il a un avion et je lui ai donné quelques cours de pilotage. Je l'appelle. Il me donne rendez vous chez lui.

[00:03:42]

Dites moi, capitaine, les maires. Quel genre d'avions fous faudrait il pour ce vol?

[00:03:49]

Je pense à un White Blanka. Je pense que ça ferait l'affaire. Blanka, c'est un monomoteur. N'est ce pas? Vous n'allez tout de même pas traverser l'océan avec un monomoteur. Pourquoi pas un tricoteurs, un Fokker, un moteur? C'est grand, c'est lourd. Et puis, c'est l'un des moteurs tombe en panne avec le poids de l'essence. Les deux autres ne serviront à rien. Entendu, entendu. Vous êtes sans doute plus compétent que moi, mais cette idée d'un seul moteur ne me plaît guère.

[00:04:28]

Cela dit, je viens d'apprendre que Francœur envisage d'ouvrir une agence ici à Saint-Louis. C'est l'occasion de me renseigner sur les performances de cet avion et sur son prix. Bonjour Monsieur! Avant tout, je vous demande de la discrétion sur mon plan qui n'est pas encore matérialisé. Vous pouvez compter sur moi un jeune homme. J'envisage de voler entre New York et Paris. Je cherche un avion et j'ai pensé à un faucon. Je voudrais savoir combien ça coûte et combien de temps est ce que ça prendrait de le construire?

[00:05:07]

Je pense que monsieur Fauqué pourrait vous fabriquer un avion et vous livrer au printemps.

[00:05:16]

Et le prix aurait du zon, dont les 90.000 dollars, c'est plus cher que l'un de nos avions de série.

[00:05:25]

Il faut agrandir les ailes, il faut prévoir des réservoirs supplémentaires.

[00:05:30]

En fait, je dirais que bon, pour un tel projet, il vous faudrait un peu plus de 100.000 dollars.

[00:05:38]

Ah bon? Et un monomoteur, alors? Combien ça coûterait à la monsieur? Je vais être très clair avec vous. Je suis certain que M.

[00:05:47]

Fauqué ne vous vendra pas un avion monomoteur pour traverser l'Atlantique. Mais moi, je ne veux pas de moteur. D'abord, ça coûte plus cher et il faut un équipage. Et moi, je veux être seul.

[00:06:10]

Alors, j'en reviens à mon projet initial, un monomoteurs de la société White Blanka, et je finis par rencontrer Josep Blanka en personne au Waldorf Astoria à New York. Mon avion est parfaitement capable de voler sans escale de New York à Paris, j'en suis certain, et je vous avoue que je serais très content qu'il ait subi cette épreuve. Il suffirait, je pense, d'ajouter un grand réservoir d'essence dans la cabine. A votre avis, combien de temps votre avion peut il tenir en l'air sans reprendre de carburant?

[00:06:47]

Si le pilote le maintient à sa vitesse maximum?

[00:06:51]

Oh, je crois pas plus de 50 heures, capitaine, mais je reçois finalement quelques jours plus tard par télégramme.

[00:07:00]

Regrettons, mais ne désirant pas voir White Blanka pour vols transatlantiques. Entre temps, j'ai trouvé quelqu'un pour s'occuper des questions d'argent. Il s'appelle Harold Bixby, il est le patron de la State National Bank de Saint-Louis.

[00:07:18]

Louis dans une entreprise sera une merde. Mais sachez que nous serons derrière vous et à partir de maintenant, vous allez me laisser m'occuper de toute la partie financière et vous, vous allez vous concentrer sur l'appareil et sur la préparation du vol.

[00:07:35]

Je vais donc voler réellement vers Paris. Ce n'est plus une idée, ça n'est plus un simple projet. Dans ma tête, je suis comme un petit garçon au matin de Naurais.

[00:07:49]

Et maintenant, il faut que je trouve un avion. J'ai entendu parler d'un monoplan aux ailes surélevées construit par une société du nom de vauriens à San Diego, une société très modeste. Quasi inconnu. Pouvez vous construire un avion à moteur capable d'exécuter un vol sans escale? New York Paris Stop! Dans l'affirmative, prière faire connaître prix et délais. La réponse arrive le lendemain.

[00:08:19]

Pouvons construire avions avec. Elle a grandi. Pris environ 6.000 dollars. Sans moteur dès les livraisons. Trois mois environ. Stop!

[00:08:31]

Six mille dollars avec le moteur, ça fait dix. C'est donc dans mes moyens. Je lui réponds qu'avec la concurrence, trois mois, c'est long. Il me dit qu'en deux mois, c'est possible. Alors je lui demande les caractéristiques techniques. Il prétend que l'avion peut embarquer 1440 litres d'essence et voler à 160 km heure. Mais bon, même si Raïa ne peut me construire un avion en deux mois, disons que je serai prêt à décoller de New York pour Paris fin avril.

[00:09:05]

Et d'ici là, est ce que d'autres pilotes, avec d'autres avions, n'auront pas tenter la traversée?

[00:09:13]

Enfin, je pensais me trouver en tête et maintenant, je suis en retard sur mes concurrents qui d'ailleurs la plupart d'entre eux ignorent jusqu'à mon existence.

[00:09:22]

J'ai bien réfléchi. Est ce qu'on devrait pas renoncer à l'Atlantique et porter nos efforts sur un vol à travers le Pacifique, par exemple?

[00:09:32]

Personne n'a de projet de ce côté là. Et puis, on aurait le temps de se préparer, de construire un avion, de faire des essais.

[00:09:41]

Qu'est ce que vous en pensez, monsieur Bixby côté une? Nous allons mettre de l'argent à la banque. Rien n'est encore perdu et par ailleurs, monsieur Lindbergh, il nous faut trouver un nom pour votre futur avion.

[00:09:55]

Qu'est ce que vous dit Rinaudo Spirit of Saint Louis, Spirit of Saint Louis? Oui, c'est pas mal entendu. Nous l'appellerons Spirit of Saint Louis.

[00:10:12]

À San Diego, l'usine de la Royal Air Lines, qui me propose cet avion à 6.000 dollars plus les moteurs et bâtiments décrépis au bord de l'eau, ouvre la porte d'un petit bureau poussiéreux et je tombe sur le président de la société, M. Maroni, large aux épaules, souriant, jeune, proche de la trentaine.

[00:10:34]

Chialé, une mère. Soyez le bienvenu avant de nous mettre à parler affaires.

[00:10:40]

J'aimerais bien beau montrer ce qu'on fait dans notre usine. Suivez moi.

[00:10:45]

Il ouvre une porte et nous descendons dans l'atelier. Un ouvrier soudain. Tubes en acier sur un squelette de fuselage. Une demi douzaine de ses camarades. Epices, des câbles d'acier. Il perce des trous. Il installe des instruments, des leviers. Lindberg. Je vous présente Bertinat. Notre chef d'atelier et monsieur McNeil McNeil, qui est chargé du montage. Et voici monsieur Andersson qui effectue les soudures.

[00:11:17]

M. Moreau. Moreau, c'est notre monteur, spécialiste et mesureur qui s'occupe des réservoirs des radiateurs. Vous devez savoir que tous nos fuselages sont en tubes d'acier et que nous employons du bois pour la charpente des ailes. Et d'ailleurs, voici M. Ailleurs qui dirige tous nos voilages. Vous ne me croirez pas, c'est la charge que ses ailes peuvent porter.

[00:11:41]

Ben voilà, monsieur le maire, vous avez tout vu. Voulez vous que nous allions au bureau pour causer un peu?

[00:11:49]

En remontant au bureau, je compte les fuselages en cours de construction. Il y en a deux à l'état de carcasse et un autre qui va recevoir ses ailes. Ce n'est pas beaucoup.

[00:12:02]

M. Limbert, nous sommes très désireux de construire votre avion. Que pensez vous de notre proposition? C'est à dire que votre télégramme parlait de 6.000 dollars sans moteur?

[00:12:15]

A combien monterait l'ensemble?

[00:12:18]

Burchard dépend du moteur des équipements que vous choisirez si vous prenez un moteur de win win.

[00:12:26]

C'est un franc entre 9.000 et 10.000 dollars en. Si vous voulez un nouveau J5 $23 pas très jeune, ça passera probablement au dessus des 10.000.

[00:12:37]

J'avoue que je préfèrerais un J-5 de la corporis très bien, mais très bien. Je vais vous dire comment on va faire ce vol.

[00:12:47]

En vérité, nous intéresse beaucoup.

[00:12:49]

Donc, nos nouveaux donnerons le moteur et tous les équipements à prix coûtant. Non, nous ne prendrons aucune commission.

[00:12:58]

C'est très généreux de votre part.

[00:13:00]

Pensez vous que nous pouvons vraiment compter sur une livraison dans deux mois? Nous espérons mettre moins de temps. Mais je ne peux pas évidemment vous faire de promesses.

[00:13:18]

Dans la foulée, Mao Nyman voir régler les détails avec son ingénieux qui sort une feuille de papier et un crayon. Je pense que le réservoir Hilberg devrait être logé là, sous l'aile, dans le fuselage, ou comptez vous placer le poste de pilotage pour vous et votre navigateur à un seul poste de pilotage vous suffiront? Je ne veux pas partir seul, donc moi même la navigation.

[00:13:49]

Vous comptez partir seul? Ah bon? Je pense que la distance est trop grande pour un homme seul. Oui, mais moi, je pense que les chances de succès sont sont supérieures avec un seul pilote. Je préfère orbes, mais plus d'essence qu'un compagnon, d'accord.

[00:14:06]

Et quel équipement voulez vous? Bon, le vol de nuit, je n'en veux aucun. C'est beaucoup trop lourd pour un parachute.

[00:14:18]

Même réponse à un parachute. Ça nous coûterait au moins 15 kilos.

[00:14:23]

Ha! Ha! Ha! Ha!

[00:14:25]

Ha! Je crois que nous pouvons commencer les plans.

[00:14:35]

Quelques jours plus tard, Mahoney me tend un journal qu'il lit à voix haute. Écoutez ça, monsieur Limbert, le commandant Beure va tenter la traversée de l'Atlantique avec un énorme monoplan FOKAM à trois moteurs. La société Sikorsky construit un avion dont le pilote pourrait être le Français René Fonck. On sait par ailleurs que d'autres pilotes américains, dont le commandant Davy, se préparent à écouter.

[00:15:04]

Le dernier inscrit serait Charles Lindbergh, un pilote de l'Aéropostale qui vaudra seul. D'autres avions sont en construction en France, en Angleterre et en Italie.

[00:15:17]

Oui, les 25 000 dollars du prix TaiG ont attiré beaucoup de concurrents.

[00:15:22]

Norma. Pour que je réussisse, il faudra qu'il échoue. Tous. Je n'ai jamais effectué de vols de longue durée et aucun des avions que j'ai pilotés jusqu'ici n'était capable de franchir 800 km sans forcément rien, et je n'ai jamais encore survolé d'étendue liquide. Et surtout jusqu'ici, j'ai mené ma navigation en observant des points remarquables au sol des lacs, des villes, des cours de rivières, des voies ferrées sur l'Atlantique. Tout sera différent. Il me faudra naviguer à la manière d'un avis.

[00:16:02]

Les navires ont un sextant, c'est à dire qu'il mesure la hauteur du soleil et les étoiles. Pourquoi je ne ferai pas commun? Ils ont une radio, j'emporte bien une radio. Si ça n'est pas trop lourd. Et puis, comment navigue t'on sur un arc de cercle pour franchir 5700 km? Est ce qu'il ne faut pas une connaissance poussée des mathématiques? Je pourrais me renseigner auprès des officiers de la marine de San Diego, mais j'hésite entre le scepticisme au sujet de mon vol est assez grand.

[00:16:33]

Il ne faut pas que j'aille l'aggraver en montrant combien je suis ignorant.

[00:16:38]

Bonjour Monsieur, je voudrais un jeu de cartes qui couvre l'Atlantique Nord, l'Atlantique-Nord.

[00:16:47]

Ce n'est pas courant. Mais attendez, voilà ce que vous me demandez. Pour alléger au maximum l'appareil, je prends une décision radicale je voudrais que vous signez un train d'atterrissage que je pourrai larguer en vol après le décollage. Chez nous, gagnerions quelques kilos, mais vous allez vous écraser à l'atterrissage, Charlie? Non, non, je ne crois pas tellement. Jamais, sans doute la.

[00:17:29]

Mais si je me pose sur du gazon n'endommage pas de fuselages.

[00:17:37]

Finalement, j'ai renoncerai, mais je décide d'acheter un petit radeau. J'en ai vu un dans la vitrine d'un magasin de sport débarrassé de ses avirons. Il ne pèse que 4 kilos et demi. Mais il ne faudrait pas oublier que je me prenne un morceau de toile imperméable pour me protéger du vent sur mon radeau. Non, non, je pourrais toujours arracher de la toile sur les ailes, mais il ne faut pas que j'oublie d'emmener un couteau.

[00:18:07]

Le capitaine français Charbonnage Achères a fait connaître que si les conditions météorologiques sont favorables, il décollera dimanche matin à l'aube de l'aérodrome du Bourget, près de Paris, pour gagner New York sans escale et. Challenge Berto a été choisi pour accomplir le vol sans escale. New York Parier sur un monoplan bêlant. On décollera dans les jours qui viennent. Allons Charlie!

[00:18:38]

Il ne faut pas que tu te torture la Servel avec ces informations. Le Spirit of Saint-Louis sera prêt à voler dans une quinzaine de jours. Je ferai mes premiers essais sur le terrain de la reining qu'aux parades Reporterre ou de photographes. Cette question des journaux est devenue un cauchemar. Certes, une publicité raisonnable est utile à mon projet, mais la distraction provoquée par La Presse peut me conduire à l'échec. Les essais se sont bien passés. On a fait quelques modifications.

[00:19:16]

Nous sommes le 8 mai et dès que le ton sera favorable, il faut que jamais de mon avion à St. Louis. Il s'appelle Spirito ou il vaporetto.

[00:19:28]

Ha ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha!

[00:19:37]

Mais après, j'apprends que les deux aviateurs français se sont et oui, comme des fantômes nocturnes. Ils ont dû manquer d'essence. Ils ont dû se poser quelque part sur terre ou sur l'eau. Le vol entre San Diego et Saint Louis s'est finalement bien passé. J'ai eu quelques soucis avec mon moteur qui s'est mis à sauter, à cracher et à vibrer. J'ai bien cru qu'il allait me falloir atterrir en urgence sur des montagnes dans la nuit. À un moment, j'ai même été tenté de faire demi tour vers la Californie.

[00:20:15]

Mais après 14 heures et 25 minutes de vol, j'ai finalement atterri sans encombre à l'aéroport de Lambert fils, à St. Louis. Ça s'est bien passé. Vous avez des nouvelles de nos j'essayerais. D'après ce qu'on raconte, ils ont été recueillis par un navire britannique Ben Человека. Il est parti aux dernières nouvelles. Il doit décoller samedi. Sinon, je sais, récollet, ils sont perdus. Et nous, c'est à nous de reprendre le flambeau tombé de leurs mains.

[00:20:51]

Il me faut maintenant rejoindre New York pour le départ. Quand j'atterris à New York, je suis assailli par les photographes vous pouvez poser devant votre avion Lindbergh, allez y poser votre main sur les listes.

[00:21:11]

Comptez vous décoller pour Paris? Monsieur Dilbert, monsieur Ordinaire, que pensez vous au sujet de Nungesser et Coli? Qu'est ce que votre mère Bance de tout ça? Monsieur Wilbert, est ce que vous en pantera une patte de la part d'une Baire? Est ce que vous avez une petite amie, Gillibert? Le lendemain, les journaux titrent Le fou volant part aujourd'hui avec ma photo en grand. En dessous, c'est moi le fou volant. Il paraît que je vais partir pour Paris aujourd'hui.

[00:21:49]

Je n'ai jamais dit ça. Cela dit, il faut que je quitte New York le plus vite possible. Ici, je ne peux même pas avoir une heure à moi. Je n'ai jamais eu un moment de liberté. Chaque jour que je passe ici me détourne, me détourne de mon objectif.

[00:22:11]

Mardi 19 mai 1927. Il y a 8 jours que je suis à New York, le ciel est couvert. Il pleut, il y a de la brume. On me dit qu'une dépression se creuse à l'ouest de la France. Je suis prêt à partir, mais j'attends le moindre signe d'amélioration de la météo.

[00:22:29]

Charley Charlie le temps est en train de s'éclaircir au dessus de l'océan. C'est un changement soudain, c'est à dire que la zone de basse pression qui couvrait Terre-Neuve se comble progressivement. Et derrière arrive un fort anticyclone. J'ai donc une chance de décoller à l'eau quand j'arrive à un aérodrome. Je suis surpris de n'avoir aucun préparatif dans le camp de mes concurrents. Ils attendent une confirmation de l'amélioration du temps.

[00:22:55]

Or, moi, si j'attends qu'on annonce le beau temps sur tout le parcours vers l'Europe, je risque de partir le dernier. Je serai prêt à partir demain matin. Demain, je déciderai. Je prendrai cette responsabilité sur mes épaules.

[00:23:11]

Elle me revient quand je me couche. Il est minuit et j'ai demandé à l'un de mes amis de me réveiller à deux heures et quart. J'ai donc deux grosses heures de sommeil devant moi. J'ai appris ça sur la ligne postale. Chaque minute, chaque seconde de sommeil a son prix. Pour que je dors. J'ai besoin d'être en pleine forme. Si seulement il pouvait faire beau demain matin, provoquez Desandrouin. Dommage que la piste soit un peu étroite et que le terrain soit un peu court.

[00:23:48]

Grand Dieu est déjà minuit et demi. D'habitude, je m'endors à peine couché. Il faut que j'en empêche mon esprit tambourinaires.

[00:23:59]

Déjà une heure et quart. Plus qu'une heure de sommeil. Ce que j'ai bien fait de demander qu'on me remplisse les réservoirs à fond. Ça me donne 260 km de plus en distance, mais ça me alourdit de 60 kilos tout sur moi. J'ai dormi cette nuit de. Je me sens prête à partir. Impatient de brûler.

[00:24:37]

l'Aube se lève sur New York et voici venu le moment que je le prépare, jour et nuit.

[00:24:43]

Depuis des mois, je lance le moteur. Pour l'instant, il me manque 30 d'eau avec les réservoirs chargés d'essence au maximum. Mon Spirit of Saint-Louis n'est plus aussi vibrant de puissance qu'il l'était jusqu'ici. Son énorme poids écrase les pneus au sol. Ce matin, il est plus terrestre, aérien. Tous les regards sont fixés sur moi. Il me manque toujours Crampton. Je me penche au bord de la carlingue. Je regarde vers la piste humide et brillante et je vois les fils télégraphiques au bout de la piste et les flaques d'eau qu'il me va falloir traverser.

[00:25:20]

Et les panaches de fumée qui sortent des cheminées au bout du terrain. Si le Spirit of Saint-Louis n'accélère pas assez vite. Mais Ron s'englue dans le sol. Les commandes demeurent paresseuses. J'aurais quelques secondes pour décider de couper les gaz et de m'arrêter quelques secondes. Sinon, j'irais m'écraser à l'extrémité de la piste. Mais j'ai la conviction que les routes quitteront le sol. La conviction que les ailes passeront au dessus des fils télégraphiques. La conviction que c'est maintenant qu'il faut y aller.

[00:25:55]

Je boucle ma ceinture, je rabats mes lunettes sur mes yeux. Je fais un signe de tête à ceux qui doivent retirer les cannes, ouvrant grand la manette des gaz. Je suis soulagé, confiant. L'avion s'ébranle lourdement. Comment est ce que j'ai pu imaginer que l'air serait capable de supporter un tel poids 100 mètres? Je n'arrive pas à décoller 300 mètres. La béquille quitte le sol, jaugeant le poids passé des roues sur les ailes. Voilà le trait qui marque la moitié du terrain.

[00:26:30]

Et je suis encore loin d'avoir atteint la vitesse d'envol. J'ai une seconde pour décider si je coupe le gaz ou si je décolle. Si je me trompe, je m'écrase, je tire sur le manche et les roquettes Lassale? Je vais décoller. Les roues reprennent le contact avec le sol. J'ai encore 600 mètres de piste. Je décolle à nouveau. Je laisse les roues toucher le sol encore une fois. Et puis, le Spirit of Saint Louis s'élève tout seul.

[00:26:58]

Il est plein d'ardeur. Je m'en. C'est le moment crucial de passer au dessus des fils télégraphiques. Je suis passé Maedhros dessus. Je passe aussi au dessus des arbres de la colline. Je suis maintenant à 60 mètres au dessus du sol. Je regarde mon taximètre 1750 tours minute. A ce rythme, j'ai beaucoup plus d'essence qu'il n'en faut pour gagner Paris. Je suis maintenant assez haut pour jeter un coup d'oeil sur le tableau de bord. Aucun signe d'échauffement.

[00:27:40]

Je réduit légèrement les gaz 1750 tours minute. Le Spirito, ça lui peut tenir à 1750 tours avec cette charge. J'ai plus d'essence qu'il n'en faut pour gagner Paris. Je vois à 5 km devant. Pas davantage. Qu'est ce qu'il y a derrière ce voile? Est ce que quand je longa Iglo, je vais tomber sur un horizon bien clair? Ou est ce que je vais buter sur une muraille impénétrable? Je vais descendre. J'aurai une visibilité bien meilleure.

[00:28:16]

Tiens, tiens, voilà les grandes propriétés de à Milan. Je suis peut être un peu trop près de la cime des arbres. Je ne suis plus sûrement au Cap. Correction 3° Degrés à gauche qui voit là un avion de presse. Alors, je n'avais jamais pensé que des journaux lourds et des avions pour me suivre. Je vois les caméras pointer vers mon poste de pilotage. Moi qui pensais être seul en l'air. Ça y est, la côte de Longueuil, lente, s'efface derrière moi.

[00:28:55]

Voilà enfin seul au dessus de la première étendue d'eau salée sur la route de la France. Base un bateau en vue. Seuls quelques mouettes en dessous de moi. Je ne me suis jamais aventuré si loin en mer. Jamais je suis content que ce vol vers Paris ne soit pas devenu une course. Et puis, quel est l'avantage? Il y a à voler seul la liberté. Je n'ai pas à tenir un compagnon au courant de mes plans. Je suis.

[00:29:38]

Là, il faut que je monte à 150 mètres et que je sorte mon périscope, ça me sert à voir la terre devant moi sans me pencher dehors. Ah désolé, les cheminées, les pylônes de radio qui sont sur ma trajectoire.

[00:30:00]

Cela fait maintenant deux heures que je roule. Tiens, voilà Cap COD sur ma droite et derrière mon aile gauche. Les fumées de Boston et de vent de l'eau, rien que de l'eau. La véritable épreuve commence ici. Dans les deux heures qui viennent jusqu'à la Nouvelle-Écosse canadienne, je n'aurai aucune terre en vue. Et si je descends des vers les vagues, si je rendais visite à l'océan pour en quelque sorte solliciter sa bienveillance 30 mètres, 15 mètres, 6 mètres, je descends jusqu'à ce que Mérot soit à moi de la taille d'un homme au dessus de la houle, presqu'à toucher les vagues jusqu'à une sorte de coussin d'air au dessus duquel mon avion avance avec moins d'efforts.

[00:30:57]

J'attaque ma quatrième, j'ai consommé 135 kilos d'essence.

[00:31:03]

Je me sens un peu fatigué et le soleil chauffe trop la carlingue. Est ce qu'il faut que je retire ma combinaison Fourez? L'enlever serait facile. Mais cette nuit, il fera froid et la Romaine sera plus compliqué. Alors, je me contente d'ouvrir ma fermeture éclair. Je bois un peu d'eau. J'ai 5 sandwichs sous mon siège, mais je n'ai pas faim. Et puis, en gardant mon estomac vide, je maintiens mon alerte. Je ne me suis pas assez reposé avant de partir.

[00:31:37]

Me voilà à moitié endormi. Alors, je mets les mains à l'extérieur pour diriger de l'air vers mon visage.

[00:31:46]

Ça va mieux. Midi, j'attaque ma cinquième heure de vol et voilà la Nouvelle-Écosse. Je vais enfin savoir si j'ai bien suivi ma route. J'en oublie la fatigue. Je m'étais fixé des points de repères au sol. C'est bon, je n'ai pas fait d'erreur. J'attaque ma sixième. C'est l'heure du déjeuner, mais est ce que je vais manger uniquement parce que c'est l'heure? Une gorgée d'eau me suffira.

[00:32:23]

Sauf quand, raccrochant le bidon, je fais glisser ma carte vers la portière et là, une bouffée de vent manque de l'emporter. Imaginez qu'elle se soit envolée avec tous mes chiffres. Je ne saurais plus comment regagner Paris. Il faudrait que je fasse demi tour. La carte ne doit jamais être posée près d'une fenêtre. Ça fait plus de huit heures maintenant que je suis en vol et je n'ai plus rien à faire jusqu'à ce qu'apparaisse la côte de Terre-Neuve. J'adopte une position plus confortable sur un fauteuil en osier.

[00:33:04]

Notre Dieu, le sommeil commence à me gagner. Il prend des forces de minute en minute. Est ce que c'est parce qu'il n'y a plus rien à regarder, sauf la mère? Aucun contraste pour fixer l'attention. Si je pouvais me jeter sur un lit, je m'en dormiraient instantanément. Mes yeux sont lourds comme des pierres, alors je résiste pendant une minute ou deux et après je laisse une paupière se fermer tandis que l'autre reste ouverte. Il faut beaucoup de volonté pour ça.

[00:33:39]

Qu'est ce que ça va être cette nuit et demain matin à. J'ai effectué le premier quart de mon voyage 1280 km derrière moi et la nuit arrive. C'est une sorte de trou dans mes plans de navigation. J'ai passé des heures à y réfléchir. J'ai tu avais un sextant, Charlie. Tu pourrais grimper au dessus des nuages pour apercevoir les étoiles. Tu as fait une erreur de ne pas emporter de sextant. Mais non. Je n'aurais pas pu piloter en même temps.

[00:34:31]

On l'avait Rutger. Tu n'as jamais essayé. Tu accrut les autres sur parole en Ménon? Non, j'ai pris l'avis de spécialistes. La plupart des spécialistes de Charlie disaient que tu ne pourrait pas faire ce vol et on ne les a pas crus. Mais je te dis que je ne pourrai pas utiliser un sextant. Et puis, il y a la question du poids. En fait, si j'avais essayé d'emporter toutes les sécurités, l'appareil n'aurait jamais décollé. En fait, c'est ridicule.

[00:34:59]

Charlie Sexton ne pèse que 2 kilos et demi. Il faut que j'arrête de discuter avec moi même. Je gagnerai l'Europe par des relèvements à vue ou je n'y parviendrait pas. J'attaque ma dixième heure de vol. L'avion s'est allégé de 365 kilos d'essence. Il est souple. Le manche répond à la moindre pression de ma main, à mon moindre caprice. Début de ma quatorzième. Plus de 2000 km parcourus, encore 3700, j'ai des nuages à quelques dizaines de mètres au dessus de mes.

[00:35:52]

Plus de doute, je vais droit vers un orage. Mais quel genre d'orage? De quelle ampleur? De quelle hauteur? À quelle altitude montent les nuages d'orage? Mon appareil surchargé aura t il assez de plafond pour passer au dessus?

[00:36:16]

Je vais essayer, je vais monter jusqu'à 4 500 mètres, pas plus au dessus, mon moteur perdrait de la puissance et le manque d'oxygène me rendrait moins sensible. Et si les nuages dépassent cinq 500 mètres, elle va tomber. Je m'en fous. On serait dans le corps de l'orage. Me voilà à 3000 mètres. Il fait très froid, alors j'enfile Mégan et mon casque doublé d'Olhain et je me retrouve au milieu de montagnes de nuages. Impossible de passer au dessus.

[00:36:50]

Tant pis. Je n'ai pas d'autre choix que d'aller droit devant. Mais quand j'entre dans le nuage, les frémissent. De violents remous secoue l'avion dans tous les sens et plus d'étoiles au dessus de ma tête pour m'aider à tracer ma route. Autour de moi, tout est noir. Il fait froid, très froid. Alors je sors ma torche électrique et éclaire le bord d'attaque de l'une de miel givrée givrée. Il faut changer de route. Il faut mettre mon avion en perte de vitesse dans un virage pour sortir de ce nuage, pour retrouver le ciel clair.

[00:37:30]

Doucement, je parle doucement. Il est toujours facile d'amorcer un virage en piqué, mais beaucoup moins facile d'en sortir. L'avion peut absolument échapper à ton contrôle. D'accord, d'accord, mais c'est l'indicateur de Virage givre. Je perdrais le contrôle. De toute façon, pour la première fois, la pensée de faire demi tour me traverse l'esprit. J'attaque ma seizième heure de vol. J'ai parcouru 2400 kilomètres. Je suis à mi chemin de l'Europe, pas de Paris, mais de l'Irlande.

[00:38:21]

l'Irlande est devenue dans mon subconscient un objectif plus réel que Paris. Si je parviens en Irlande, j'arriverai à Paris, j'en suis sûr.

[00:38:40]

18ÈME heure de vol, il me reste trois mille cinquante kilomètres à franchir. Quand apparaissent les premières lueurs du jour, le besoin de sommeil me tombe dessus comme une chape de plomb. Il est presque surmontable. Je sais que c'est le début de ma plus dure épreuve. J'ai complètement perdu le contrôle de mes paupières. Je n'ai plus qu'un seul désir au monde. Jeter par terre, mais tondre et dormir. Et pourtant, il faut que je reste éveillé parce que sinon, sinon c'est la mort et la mort et éléphantesque la mort et l'échec.

[00:39:28]

Cette pensée me sert de fouet. Mais en réalité, à ce moment là, ça n'est pas de force. Non, j'ai besoin de sommeil, de sommeil, de sommeil. Alors, j'enlève mon casque frictionner la tête, je bois un peu d'eau et si je mange un sandwich, je n'ai rien mangé depuis hier matin. Non, je n'ai pas faim. J'aurais dû emporter un thermos de café. Ça m'aurait aidé à maintenir éveillé. Mais je n'ai pas non plus envie de café.

[00:40:13]

Et si et si je traversais les nuages pour aller voler au ras des vagues? Peut être que ça m'aiderait à rester éveillé. C'est ce que j'ai fait hier. Ça a marché, mais pour l'instant, le jour n'est pas encore assez fort. Il fait trop sombre pour voler près de l'eau. Je descendraient dans une heure. Je le toujours contre le sommeil, me secouer et frapper des pieds ne me suffit plus et si je plongée dans les nuages, si je poussais le manche vers l'avant.

[00:40:53]

Voilà. Et ensuite, je me redresse rop, ça me réveille un peu, mais ça n'est pas efficace bien longtemps à ce moment là. En vérité, il y a trois personnes en moi. Mon corps qui n'a qu'un seul désir dormir. Mon esprit qui prend des décisions auxquelles mon corps refuse d'obéir. Mais mon esprit commence à perdre sa fermeté. Mais il y a autre chose. Une troisième personne en moi, quelque chose de plus vigoureux, une sorte de force directrice qui est sortie de mon subconscient et qui contrôle à la fois mon esprit et mon corps, et qui veille sur moi comme un père attentionné.

[00:41:34]

Quand mon corps lui crie Il faut dormir, Arly, il faut dormir. Ma force directrice répond avec colère qu'il faut se reposer, se détendre, mais qu'il n'est pas question de dormir le sommeil Charli. Le sommeil, c'est la chute. Le sommeil, c'est l'engloutissement dans l'océan.

[00:42:05]

Dix neuf. Je suis à mi chemin. Distance parcourue de 1895 km, distance à parcourir de 1895 km. Je m'étais dit tu fêtera ça comme un anniversaire. Mangera un sandwich. Tu boira une gorgée d'eau supplémentaire.

[00:42:26]

Mais je n'ai rien envie de tout ça.

[00:42:34]

Va meurs! Ça y est, voilà, le matin, je vais pouvoir descendre vers l'eau, mais en dessous, il n'y a que de la bruine. Si je descends à travers ces nuages où je m'arrête à 600 mètres, à 450 mètres, à 300 mètres. Je ne suis pas certain, par ailleurs, que mon altimètre soit bien réglé. D'emblée. Je sais que je descends environ 60 mètres à la minute. Et ça y est, je vois l'océan.

[00:43:05]

Me voici à 600 mètres au dessus et la mer est très agitée. C'est la tempête. 300 mètres, 150 mètres et maintenant 15 mètres. Juste au dessus des normes vagues couronnées d'écume. Ce serait un endroit effroyable pour m'imposer. Si mon moteur la joué. Mais non, Charlie, tu ne peux pas te tordre pour dormir. Protéger Charlie secoue la tête. Charlie. Charlie. Reviens, reviens à Charlie. Je me suis endormi les yeux ouverts. Je suis sûr qu'il était ouvert, mais j'ai l'impression de me réveiller.

[00:43:53]

23 Et même si le vent se maintient dans huit heures, j'attendrais l'Irlande n'est pas bien loin. 8 heures, c'est juste une journée de travail. Qu'est ce que c'est, ça? Sous mon œil gauche, on dirait une côte, des bouquets d'arbres, des falaises rocheuses. En fait, c'est pas possible. Je suis au milieu de l'Atlantique. Konpa se serait il déréglé? Je serais au dessus du Labrador ou ou du Groenland. J'aurais volé vers le nord et pas vers l'ouest.

[00:44:28]

Ou alors? Ou alors, c'est un mirage. À mes yeux, se ferme. J'ai perdu le contrôle de mes muscles des paupières. Il ne reste plus qu'un moyen à moyen auquel je n'ai pas eu encore recours, je me frappe la figure et je me frappe encore, mais c'est sans effet. Il faut déchirer cette toile d'araignée du sommeil. C'est une question de vie ou de mort de mort. Charli de mort. Il ne me reste encore qu'une seule solution l'air.

[00:45:16]

Alors je passe carrément la tête d'or et ça me fait comme un sentiment de vertige. Est ce que je vais m'évanouir? Je suis trop près de l'eau pour lâcher mes commandes un seul instant que Dieu que Dieu me donne la force. Je suis à 25 heures du New York. Si je suis trop au sud, est ce que je vais manquer lIrlande? Vingt sixième heure et demie. Si je n'ai pas vu de terre d'ici trois heures, il faudra que je oblique vers le nord.

[00:46:02]

Un bateau, ça veut dire que la côte de l'Europe n'est plus très loin. Je vois Seimas et sa passerelle, mais où l'équipage? Il n'y a pas de signe de vie sur le pont. Un autre bateau, Sampo, est vide aussi, mais je vois une tête d'homme Gabarret. Alors je descends à moins de 15 cm de sa passerelle. l'Irlande et l'Irlande? Dans quelle direction? Mais sur le visage de ce pécheur, je ne vois aucun signe de compréhension.

[00:46:38]

Il ne parle peut être pas anglais. En fait, pourquoi les marins ne montent pas tous sur le pont de ce bateau beau voir mon avion? La côte doit être quelque part par là. Ces bateaux sont trop petits pour être au large.

[00:46:55]

28 heures ce que je vois à l'horizon là, c'est un nuage, c'est une couche de brume où ça pourrait être la terre.

[00:47:05]

J'ai passé Terre-Neuvien ces heures. Je m'étais donné dix huit heures et demie pour atteindre la côte d'Irlande.

[00:47:12]

J'aurai donc deux heures et demie d'avance. Il est matériellement trop tôt pour que ce soit l'Angleterre, la France ou les causes.

[00:47:21]

Et pourtant, c'est bien la terre. Le littoral a l'air dentelée, il y a des prés très verts. Ça ne peut être que l'Irlande. Je vois une baie avec une île longue et un village. Alors je regarde ma carte. Ça serait dingue.

[00:47:41]

Dingwall Bar, sur la côte ouest de l'Irlande. Je descends. Il y a des barques dans le port. Il y a des voitures sur la route et il y a des gens, des gens qui courent dans la rue en regardant le ciel. Ils me font de grands gestes. C'est d'inégale.

[00:47:58]

Plus que 965 kilomètres jusqu'à Paris.

[00:48:09]

Mon besoin de sommeil s'est complètement évanoui. La pensée de m'étendre sur un lit de plumes a perdu toute séduction mortelle. Je suis éveillé comme si, comme si je m'étais envolé ce matin. Le temps n'est plus sans fin et l'horizon n'est plus sans espoir. Au beau milieu de mon euphorie, le moteur se mettra à secouer violemment l'avion. Je suis traversé comme par une décharge électrique. L'échappement était irrégulier, commence à avoir des ratés et ça, je le crains.

[00:48:46]

C'est l'annonce d'un atterrissage forcé. Est ce que je ne me suis pas montré trop confiant, trop orgueilleux? Non. Alors, Charlie, c'est pas grave. D'ailleurs, le moteur repart et le bafouille HCS. 30eme Je suis à un peu plus de quatre heures de Paris, je peux y arriver avant la tombée de la nuit et à en juger par mon réservoir, j'ai assez d'essence pour atteindre Rome.

[00:49:25]

Trente et unième, je survole maintenant l'Angleterre, la Cornouaille avec ses fermes miniatures. Mais enfin, comment un fermier peut il arriver à gagner sa vie avec des champs si petits? Tiens, voilà la côte de la Manche. Plus qu'une heure de vol. Paris est à 480 kilomètres devant moi dans moins d'une demi heure. J'aurai la France en vue. La voilà la côte de France, la côte de l'AGS, elle avance vers moi comme comme une main tendue.

[00:50:03]

C'est de là qu'il y a 13 jours, Nungesser et Coli ont mis le cap à l'ouest. Jusqu'où sont ils aller? Pourquoi ont ils disparu? À cause d'une panne de moteur, d'une tempête, du fait du manque d'essence? Sont ils encore vivants ou morts? Je n'ai jamais réfléchi à ce que je ferais à mon arrivée au Bourget. Bien sûr, je ferai mettre le Spirit of Saint Louis dans un hangar et puis j'enverrai un télégramme aux États-Unis pour dire que je suis arrivé.

[00:50:35]

Et puis, il me faudra trouver un endroit où passer la nuit. Sauf que je ne le sais pas. Un seul mot de français et je suis tellement en avance que personne ne va m'attendre. En revanche, je suppose que le lendemain, des quantités de gens viendront à l'aéroport pour voir l'avion. Ça sera amusant, ça. J'adore montrer mon avion. Et puis, plus tard, je tâcherai de trouver un jour ou deux pour me promener dans Paris.

[00:51:03]

Au fait, comment est ce que je vais rentrer aux États-Unis? Je pourrais continuer. Je pourrais faire le tour du monde. Ou alors je refais la route en sens inverse.

[00:51:14]

En tout cas, rentrer en Amérique en bateau serait en dessous de la dignité du Spirit of Saint Louis.

[00:51:29]

33ème Je franchis la côte au dessus de Deauville dans une heure. Je verrai les lumières de Paris, alors je descends au beau voir les villages et les fermes. Elles sont plus grandes qu'en Angleterre. Je vois des gens qui sortent des maisons quand je rase leur toit. Bon, maintenant, il est temps de prendre le manche entre mes genoux et de sortir un sandwich. C'est mon premier depuis le décollage. Je suis tenté de jeter le papier dehors, mais non, ça serait une honte de salir ses Changi propre.

[00:52:08]

Je ne peux pas manquer Barris, même si pour l'instant, je ne trouve aucun point de repère à un éclat lumineux qui jaillit de l'obscurité. C'est un phare aérien.

[00:52:21]

En voici un autre qui clignote plus faiblement. Personne ne m'avait dit que la route entre Londres et Paris était était balisée. Qu'est ce que c'est que cette colonne de feu dirigée vers le haut? C'est la tour Eiffel. J'avais découvert un cercle au dessus et je mets le cap sur Le Bourget. Mais Le Bourget ne figure pas sur ma carte. On m'a dit Tu peux pas le manquer, Charlie. Il est au Nord-Est de Paris. Ça doit être ça.

[00:52:50]

Cette tache noire entourée de points lumineux. Alors, je sors ma lampe de poche, je la dirige vers le sol. J'envoie un message pas de réponse. Je décris un cercle.

[00:53:02]

C'est bien un aérodrome. Est ce que c'est Le Bourget? Ca apporte au fond. Je vais passer à basse altitude pour vérifier que le terrain est bien dégagé. Et ceux d'en bas verront que je veux atterrir. Et sans doute assumeront ils leur feu.

[00:53:18]

Enfin, quoiqu'il en soit, je ne vais pas tourner plus longtemps. Je plonge vers le sol. La zone éclairée est juste devant moi. Je passe à toucher les toits des hangars. Pas en mouvement au sol.

[00:53:31]

Alors, du coup, j'hésite à faire des chandelles au dessus des hangars pour célébrer mon arrivée. Je suis à 400 mètres de la piste, je n'ai jamais encore atterri dans ces conditions. Jamais je n'ai jamais atterri de nuit avec le Spirit of Saint-Louis. Je suis trop, je vais trop vite. Il faut que je fasse une nouvelle présentation. Voilà Roch Denis. Tony l'éros touche légèrement le sol. Elle redécolle. Elle touche à nouveau le sol. La béquille touche aussi.

[00:54:08]

Je roule trop vite. Un pneu peut éclater. M'essayer. Le Spirit of Saint Louis repose sur la solidité de la Terre. Mais que se passe t il? En fait, l'aérodrome est recouvert de gens qui, à coup, je ne suis pas du tout préparé. Et maintenant, j'ai plein de tête au dessus de moi. Le Spirit of Saint-Louis frémit sous la pression de la foule et j'entends craquer en bois derrière moi. Et puis, un deuxième craquement est la toile.

[00:54:38]

Je l'entends se déchirer la nuit mécanique. Je ne comprends pas un mot de ce qu'on me répond. J'ouvre la porte.

[00:54:52]

Je pose le pied au sol et des douzaines de mains s'emparent de moi, de mes jambes, de mes bras, de mon corps et je me retrouve couché au dessus de la foule. Et je suis encore m'arrache mon casque. Je me retrouve enfin sur mes pieds. Debout sur le sol d'Europe. Vous avez faim, monsieur le maire. Vous avez eu soif. Besoin d'un médecin? Vous vous voulez peut être vous étendre? Non, non, Simco. Il faut que fasse des formalités, sans doute pour la douane ou la police.

[00:55:31]

Mais non, monsieur Lambert.

[00:55:37]

Quand je vais me coucher, il est quatre heures et demie du matin. Je n'ai pas dormi depuis soixante trois heures et quand je me lève, j'entre dans une vie qui n'aurait pas pu être plus étrange si j'avais débarqué sur une autre planète. Des centaines d'histoires disponibles ici en Beckwith sur un point. FR. Attendez, ne partez pas, un homme vient encore quelque chose à vous dire. Vous aimez les histoires incroyables? Vous connaissez celle de l'avocat qui a reçu par la poste une oreille coupée.

[00:56:19]

Vous pouvez l'écouter dans le podcast. Mon client et moi, des avocats reviennent sur les affaires criminelles qui les ont les plus marquées, qui ont changé leur vie. Alors écoutez les nouveaux épisodes, c'est simple il suffit de taper mon client et moi dans votre application de podcast favorite et de vous abonner. Je vous laisse découvrir.