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Aujourd'hui, la France entière est à nouveau confinée, mais vous êtes nombreux à devoir utiliser votre voiture pour aller travailler, emmener vos enfants à l'école ou rendre visite à un proche isolé.

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C'est pour toutes ces raisons que Renault s'engage à toujours entretenir et réparer.

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Toujours conseillé et livré. Toujours louer un véhicule en respectant un protocole sanitaire strict pour garantir la sécurité de tous.

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Prenez rendez vous avec nos équipes sur Renault point. FR. Renault toujours là pour vous.

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Service disponible dans le réseau participant. La Fréquence Scaphandres relate l'histoire de François de Grossouvre, qui se suicide dans son bureau à l'Elysée en avril 1994. Grossouvre, dans son genre, avait une place à part à l'Elysée, un peu comme Alexandre Benallal, même si la comparaison s'arrête là. J'ai bâti mon histoire en m'appuyant sur un livre, le vôtre. Raphaëlle Bacqué Bonjour, bonjour. Le dernier mort de Mitterrand chez Grasset, est un carton en librairie. Vous avez remonté le fil du suicide et surtout de cette amitié entre François de Grossouvre et François Mitterrand pour arriver à la conclusion que, sans doute, François de Grossouvre s'est suicidé à cause d'un chagrin d'amour.

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Et son amour s'appelait François Mitterrand. Voici cette histoire. Je l'ai écrite avec Pierre enquêta. Réalisation Céline Debroise.

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Christophe Hondelatte. Nous voilà donc un soir d'avril 1994 à l'Elysée, dans la dernière ligne droite du règne de François Mitterrand. Il est malade, il a fini par le reconnaître. Il lui reste un peu plus d'un an à régner. Il est 19h40. Le palais est déjà quasi désert. Le temps est au crachin. Le décor est un brin lugubre dans l'aile ouest, côté avenue de Marigny. Un gendarme du gégène poireautent sur un divan. Il attend son patron, François de Grossouvre, l'un des plus proches amis du président.

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Il doit le reconduire chez lui. Il regarde sa montre. Il est huit heures moins dix.

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Quelques secondes plus tard, le gendarme entend comme un coup de feu, comme un coup de feu. Mais assourdie, il se précipite dans le bureau et il trouve ressourcent dans son fauteuil, les jambes croisées, un 357 Magnum à la main. Il n'a plus de visage. Le haut de son crâne a disparu. Il y a du sang partout et des bouts de cervelle sur les murs au plafond. François de Grossouvre, 76 ans, s'est suicidé.

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Le garde du corps a un Holker. Il sort du bureau blanc comme un linge et il lit.

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Grossouvre s'est tiré une balle. Et c'est le branle bas de combat. On appelle le jeune aspirant qui assure la permanence médicale, et puis le directeur de cabinet du président Pierre Chassaigne, qui rentre dans le bureau avec deux gendarmes du GSPR, le groupement chargé de la sécurité de la présidence de la République. Arrive ensuite le docteur Claude Kalfon, le médecin du président. C'est lui qui appelle une ambulance de l'hôpital militaire du Val de Grâce. Il faut évacuer ce cadavre.

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Il faut protéger le président. On ne se suicide pas à l'Elysée.

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Et là débarque Michel Charasse, conseiller de François Mitterrand, fidèle parmi les fidèles en bras de chemise et en bretelles, un sanguin. Il déboule pile au moment où les gendarmes sont sur le point d'emmener le corps. Déplacer le corps, mais c'est la dernière chose à faire. Enfin, imaginez si La Presse s'en rendait compte avec tous les témoins. Non, vous laissez tout en état.

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D'ailleurs, on ne sait jamais. Ça pourrait être un acte criminel. Et vous appelez tout de suite le préfet de police. Là dessus, un gendarme du GSPR, de sa propre initiative, se met à courir vers le bureau de Mitterrand. Il passe devant la secrétaire médusée et il entre sans frapper.

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Monsieur le Président, Monsieur le président François de Grossouvre s'est suicidé dans son bureau. Mitterrand Blégny. Il se recroqueville dans son fauteuil. Il a le teint encore plus cireux que d'habitude. Il est sonet. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas et là, Michel Charasse, Pierre Chassaigne et la secrétaire générale adjointe Anne Lauvergeon débarquent à leur tour dans le bureau et assez vite chez Mitterrand. L'animal politique reprend le dessus.

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Il s'est tué dans son bureau parce que c'est un endroit qu'il aimait. Ça ne lui ressemble pas de s'être tué, mais il devenait sénile. Tenez, demandez à Vedrine. Un jour, il est entré dans son bureau. Il s'est arrêté, sidéré. Il ne savait plus où il était. Il ne supportait plus l'idée de vieillir. Toutes ces fioles qu'il trimbale partout contre l'impuissance. Et tous ensemble, ils se demandent comment ils vont l'annonçaient. De son bureau, le journaliste de l'Agence France Presse accréditée à l'Elysée, Pierre Favier, remarque très vite de l'agitation chez les gardes républicains.

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Alors, il alerte sa rédaction. Il appelle le secrétariat de l'Elysée. Charasse lui même le rappelle. Claire. Le président me demande de te dire que François de Grossouvre a été retrouvé mort dans son bureau. Le suicide de François de Grossouvre, ce proche de François Mitterrand depuis une trentaine d'années, s'est suicidé d'une balle de revolver dans le bureau qu'il conservait dans l'aile ouest de l'Elysée.

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Alors, il faut que je vous dise maintenant ce qui les unissait tous les deux. Mitterrand et Grossouvre, ils se connaissaient depuis 35 ans. Depuis l'hiver 1959, ils se rencontrent au cours d'un dîner organisé par Pierre Mendès France, l'ancien président du Conseil de la Quatrième République. Au Berkeley, pas loin des Champs Elysées, dîner auquel assiste Françoise Giroud, la directrice de L'Express Grossouvre, l'un de ses soutiens financiers. A cette époque, Mitterrand a 43 ans. Il a encore des cheveux gominés, plaqués en arrière.

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Il a déjà roulé sa bosse. Il a été douze fois ministre sous la quatrième, mais là, en 59. Il est dans le creux de la vague. François de Grossouvre, lui, est un peu plus jeune, 41 ans. C'est un aristocrate, un Lyonnais qui a fait un bon mariage, comme on dit. Il a épousé la fille d'un grand industriel du sucre. Très bonne affaire. Physiquement, il sort tout droit de l'ancien régime. Barbichette d'aristocrate, veste de tweed, un côté un peu suranné.

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Au cours de ce dîner, disons que Mitterrand sort le grand jeu. Il est brillant, éloquent, drôle de l'esprit de la culture Grossouvre. Êtes vous t il comme il a lui même un peu de répondant? Il plaide aussi à Mitterrand. Ils sont de la même génération. Ils sont capables de se raconter leur guerre de 40 et ils sont provinciaux tous les deux et fiers de l'être. Mendès France dira un jour. J'ai l'impression d'avoir assisté à un coup de foudre.

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Donc, Mittérand a un nouvel ami riche quelques années plus tard, il embarque dans la campagne pour la présidentielle de 65 contre de Gaulle, Grossouvre Avantages, paye les meetings et les voyages et il écoute Mitterrand parler.

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Et moi, candidat unique de la gauche à la présidence de la République, qui vous demande de m'écouter et de comprendre pourquoi je fais appel à vous.

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Et il finit par se convaincre que Mitterrand deviendra un jour président de la République et que donc, à ses côtés, un grand destin l'attend. Ce qui fait qu'on retrouve Grossouvre dans le giron de la campagne suivante, celle de 74 contre Giscard. Toujours dans le rôle de financier pour cette campagne, Grossouvre montre une pompe à fric redoutable. Urba, Graco. Je vous explique.

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Il s'agit d'une société de conseil spécialisée dans l'implantation des supermarchés en France. Et voilà la filouterie. Quand une commune de gauche veut implanter un supermarché, hop! Elle sollicite Urba, Graco, Grossouvre encaisse une commission de la part de l'épicier. En échange, l'autre peut construire sa boutique et il refile l'argent au Parti socialiste via de fausses factures. Magique!

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Mais le rôle de Grossouvre dans cette campagne de 74 ne se limite pas à ça. Il lui arrive aussi de conduire Mitterrand et vas y qu'on s'arrête dans des auberges basiques, on commande des plats du terroir, on parle des femmes. Un drôle de couple Mitterrand dans ses pantalons de velours hors d'âge, Grossouvre tiré à quatre épingles qui refont le monde autour d'un petit salé aux lentilles. Il se voit d'ailleurs.

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Vous connaissez la suite Mitterrand perd la présidentielle de 74 de justesse. 49 51 le soir de la défaite. Il dit qu'à Grossouvre. Je suis déçu, si on savait se battre, ça pourrait marcher, ce qui revient à lui donner rendez vous pour 10 980. Mais à partir de ce moment là, il y a autre chose qui va les rapprocher depuis plus de dix ans, Mitterrand a une maîtresse, Anne Pingeot, la fille d'un industriel de Clermont-Ferrand. Grossouvre est au courant.

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Bien sûr, il s'en fiche royalement. Mais en 1974, pendant la campagne, Anne Pingeot tombe enceinte de Mitterrand, une petite fille prénommée Mazarine, née le 18 décembre 1974, dans la seconde où elle vient au monde. Elle devient un secret vivant. Mitterrand pense que si on sait si les Français savent, il peut dire adieu à l'Elysée.

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Et revoilà l'ami Grossouvre, quelques mois après la naissance de Mazarine. Il propose à son ami de venir passer un week end dans sa maison de la très Vaisse, dans l'Allier. Pourquoi ne viendriez vous pas avec Anne 1 et avec la petite Mazarine? C'est l'endroit idéal pour goûter un peu de quiétude.

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Et c'est vrai que l'endroit est idéal une grande maison, des 8èmes tout en longueur et un peu à l'écart. Un petit pavillon isolé. C'est là que Grossouvre installe Mittérand, sa maîtresse et sa fille. Et ils s'y plaisent. Et ils y reviennent. Il y a une piscine, un tennis, des bois pour se promener. C'est simple, le pavillon s'appelle maintenant la maison de François.

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Je ramie une demande à vous faire. Accepteriez vous de devenir le parrain de Mazarine?

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Oh, bien volontiers avec François. Bien volontiers. Tout ça pour vous dire à quel point il était proche. Arrive la campagne de 1981, Mitterrand se présente contre Giscard. François de Grossouvre retrouve ses fonctions financières, mais pas que.

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Il joue aussi un rôle capital entre les deux tours. Vous allez comprendre? Giscard et Mitterrand se retrouvent face à face. Chirac n'a pas réussi son coup. Il est éliminé. Si Chirac soutient Giscard, qu'il déteste. Mitterrand est fichu. Mais si Chirac consent à être un peu mou dans son ralliement à Giscard, c'est jouable. Alors si on lui faisait un petit cadeau pour le convaincre? Mitterrand charge Grossouvre d'aller voir Jacques Chirac à la mairie de Paris. Le cadeau consiste à s'asseoir d'avance sur une promesse faite aux Français.

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Monsieur Chirac, je suis chargé de vous annoncer, au nom de François Mitterrand, que nous maintiendrons le scrutin majoritaire à deux tours pour les législatives. Nous savons que vous y êtes attachés. Ah bon?

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Mais Mitterrand a promis la proportionnelle dans son programme? Oui, oui.

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Pour se ménager les bonnes grâces du Parti communiste. Mais je peux vous assurer qu'il ait décidé de ne pas instaurer la proportionnelle.

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Chirac, dans la foulée, annonce qu'il laissera ses électeurs voter en conscience. Il dit mollement que lui votera Giscard et Grossouvre est avec Mitterrand à Château-Chinon.

[00:13:49]

Quand on annonce la victoire de François Mitterrand est élu président de la République.

[00:14:05]

Mitterrand, ce soir là, se penche à son oreille et lui dit Vous serez à mes côtés. Bien entendu.

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Alors, maintenant qu'il est mort, maintenant qu'il s'est tué, quelles étaient ses fonctions exactes à l'Elysée? Est ce qu'il y a là dedans quelque chose qui pourrait expliquer son suicide au début? En 1981, François de Grossouvre s'installe au cœur de la machine présidentielle. Il choisit lui même son titre chargé de mission auprès du président de la République. Et quand on lui demande à quoi ça correspond en général, il répond Je suis chargé des services spéciaux. C'est lui qui choisit son bureau dans l'aile ouest de l'Elysée.

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Il réclame qu'on le capitaine pour qu'on entende pas ce qui se dit entre ses mains. Il s'attribue un appartement de 250 mètres carrés où 11 ebranlé qu'il meuble avec du mobilier national, appartement dans lequel, tant qu'à faire, il installe aussi sa maîtresse Nicole. Il réclame une voiture, un chauffeur, un garde du corps à port d'armes et des secrétaires. Habiliter défense.

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À part ça, son accoutrement fait sourire dans les couloirs. Sa barbichette, sa moustache, ses allures de conspirateurs, son grand imperméable en cuir noir très années 40 quand il pleut, sa cape en laine quand il fait froid, c'est Puls assortie à ses chaussettes, ses chapeaux, sa toque de fourrure de loup en hiver et son canotier Jean Maurice Chevalier en été dans les couloirs de l'Elysée, ça fait marrer tout le monde.

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Mais c'est vrai qu'au début, Grossouvre est vraiment dans l'intimité du président, plusieurs fois par semaine, le soir, vers 7 heures et demie. Il va le chercher dans son bureau et ils partent bras dessus, bras dessous. Flâner sur les quais de Seine, faire le tour des bouquinistes. Mais surtout, Grossouvre accompagne Mitterrand rue Jacob, où vivent Anne Pingeot et leur fille Mazarine. Et d'ailleurs, assez vite, Grossouvre estime que la sécurité du président, de sa maîtresse et de sa fille ne sont pas assurée.

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Il convoque l'ancien patron du gégène, Christian Prouteau, qui lui demande de constituer une équipe d'élite pour assurer la sécurité du président. Ce sera le fameux GSPR Groupement de sécurité de la présidence de la République et c'est lui qui suggère à Mitterrand d'installer Anne et Mazarine dans le cinq pièces qu'il juste en dessous du sien, au quai Branly. Ce qui fait que désormais, le soir, Mitterrand et Grossouvre rentrent ensemble jusqu'à leurs appartements respectifs. Alors, à quoi sert François de Grossouvre, sachant qu'il ne participe à aucune réunion de cabinet ni à aucune réunion de conseillers?

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Il a ses réseaux.

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Son père a été banquier au Liban. Il connaît les Gemayel. Il chasse avec le roi Hassan II du Maroc et aussi avec le président Bongo du Gabon en Syrie. Il connaît très bien la famille al-Assad et il a même des contacts en Corée du Nord. Bref, Mitterrand a besoin de lui pour doubler la diplomatie et les services.

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Sauf qu'en vérité, Grossouvre ne connaît rien ni à la diplomatie ni au renseignement, et il agace beaucoup les conseillers du président. Le président m'a dit le président m'a demandé. Le président souhaite que un jour, Mitterrand lui même finit par lui dire Je vous interdit de parler en mon nom, je vous interdit de vous prendre pour moi. Les choses se compliquent quand, en juillet 1984, Mitterrand nomme un nouveau ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas, et un nouveau ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe.

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Ces deux là l'ont dans le nez. Ils bloquent toutes ces initiatives. Alors, au printemps 1985, Grossouvre envoie un billet à Mitterrand. Je crois qu'il vaut mieux que je démissionne. Mitterrand ne répond pas. Il ne le retient pas. Et l'arrêté qui met fin à ses fonctions est publié le 12 juin 1985. Mais croyez vous qu'il quitte l'Elysée? Non, non, pas plus que l'appartement du quai Branly. Il reste président du comité des chasses présidentielles et donc on continue de voir passer son nom dans les couloirs de l'Elysée.

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Ecarté isolée, amère, très amère, au point qu'il commence à bavasser auprès des journalistes et aussi auprès d'un juge, la bête noire de l'Elysée, le juge Thierry Jean-Pierre, qui enquête sur le financement occulte du Parti socialiste. Il lui déballe une partie de ses secrets et il lui explique aussi au passage qui est Anne Pingeot. Et surtout, il lui ouvre ses archives personnelles stockées dans sa propriété de la. Quand Mitterrand apprend ça, il le fait venir illico.

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Comment avez vous pu parler à ce jour? Enfin, vous savez très bien qu'il s'agit d'un ennemi et vous ne devez pas conserver les archives de la présidence. N'est ce pas? Vous allez rapporter ici vos papiers et les confier à Charasse. Ils seront plus en sûreté dans un coffre de l'Elysée.

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Il n'en est pas question. Vous êtes entourés de bandits. Vous ne pouvez pas dire ça. Non seulement je vous le dis, mais je peux le prouver. Je vous l'interdit. Cette fois, la rupture est définitive. François de Grossouvre est devenu un traître qui se sent persécuté. Il le dit à un journaliste. On est en train de monter une affaire contre moi, je suis lynché par tous ces sans issue. Le jour de son suicide, il déjeune avec son fils aîné Patrick.

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Le président m'a mis sur écoute et il m'a fait suivre. Regarde ce type, la balle, il est partout.

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Je me trouve ce jour là vers 17h30. Le docteur Souben, un vieil ami, lui rend visite dans son bureau. Il le trouve dans un état épouvantable, amère, morbide.

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Il parle de se suicider. Alors quand il le quitte sous bien, va prévenir Mittérand.

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Monsieur le président, je trouve votre ami François très mal. Il parle de suicide, je crois qu'il faudrait l'hospitaliser. Mitterrand se tourne vers sa secrétaire générale adjointe, Anne Lauvergeon. Hein? Il faudrait voir ce qu'on peut faire pour Grossouvre. Deux heures plus tard, un coup de feu ont retenti dans l'aile ouest de l'Elysée. François de Grossouvre est mort.

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Juste après la découverte du cadavre, les gendarmes du GSPR interroge le personnel de l'Elysée. À part le garde du corps de Grossouvre, personne n'a entendu de coups de feu. Mais il faut dire que le bureau était capitonnés et doté d'une double porte.

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Ensuite arrive la police judiciaire. Le patron en tête, Claude Guéant cesse. Accompagné du substitut du procureur, Bernard Pagès, les policiers retrouvent la balle nichée dans le plafond. Ils relèvent des empreintes. Ils trouvent de la poudre sur les mains de gros sous et ils établissent qu'il n'y a eu ni intrusion dans l'Elysée avant le coup de feu, ni fuite après. Vers 8 heures et demie. Mitterrand appelle lui même l'un des fils de Grossouvre, Xavier, pour lui annoncer la nouvelle.

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Un autre Fitzpatrick le rappelle un peu plus tard il veut venir à Paris tout de suite. Mitterrand le dissuade d'aller chez son père. Je n'en ai pas la peine d'aller chez lui. Il n'y a plus rien là bas. Nous allons le faire transporter au Val de Grâce. Demain matin, vous recevrez. Et oui, chez lui, il y a la maîtresse Nicole et juste en dessous, il y a Anne Pingeot et Mazarine. Mitterrand raccroche, il se tourne vers Michel Charasse.

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Michel, il faut déménager l'école Lajoie.

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Occupez vous en une voiture du GSPR file discrètement au 11, quai Branly, avec deux missions un déménagement Nicole. Deux, faire le ménage avant la perquisition de la police judiciaire. Nicole fait ses bagages. Elle vivait là depuis 13 ans et les gendarmes se mettent à fouiller le cinq pièces, tiroir après tiroirs, étagères après étagères, en prenant soin de tout remettre en place. Il tombe sur une boîte de munitions du 357 Magnum. Il la laisse à sa place à vingt 23 heures.

[00:23:13]

Ils ont fini et ils emmènent Nicole et ses bagages.

[00:23:21]

Quelques minutes plus tard débarquent les policiers de la police judiciaire. Il ne trouve aucune lettre laissée par de Grossouvre pour expliquer son geste.

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Il embarque la boîte de munitions et l'enquête conclut à un suicide. Quatre jours plus tard, le 11 avril, ont lieu les obsèques dans l'église Saint-Pierre de Moulins, dans l'Allier.

[00:23:47]

La famille a fait passer le message qu'il vaudrait mieux que Mitterrand ne vienne pas à l'enterrement. La chef de cabinet du président répond. Voyez vous, le président tienta, y a assisté et vu le contexte. Il est absolument inenvisageable qu'il ne vienne pas. La porte de l'Église grince, François Mitterrand et Pierre Joxe font leur entrée. Le fils de François de Grossouvre se détourne pour ne pas leur serrer la main.

[00:24:17]

Vers 10h40, le visage impénétrable de François Mitterrand entre dans l'église et prend place auprès des proches de François de Grossouvre. Sa veuve Claude et ses six enfants et ses petits enfants. La dernière fois que le président de la République s'était rendu sur les terres de son ami à lui, Zinni. C'était en septembre 1992, à la veille du référendum sur le traité de l'Union européenne. Ce fut ici leur ultime soirée intime.

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Voilà donc pour cette histoire Raphaëlle Bacqué, que j'ai intégralement tirée de votre formidable livre qui s'appelle Le dernier mort de Mitterrand chez Grasset. Est ce que je me trompe? Si je résume les choses comme ça, Grossouvre est mort d'un chagrin d'amour.

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Oui, il est mort de ne plus être dans la lumière. Cette espèce de roi soleil qu'était François Mitterrand.

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On se souvient enfin, pour ceux qui se souviennent de cette époque, qu'il était à la fois d'une grande séduction. Et puis surtout, il avait un vrai pouvoir. Et comme on le sait, le pouvoir est un aphrodisiaque très puissant. Et Grossouvre vivait dans l'admiration de cet homme et aussi dans l'envie de vivre dans sa proximité.

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Et parce qu'il était en disgrâce, au fond, effectivement, il ne l'a pas su qu'il n'a pas supporté.

[00:25:37]

Vous dites, il était heureux de vivre à proximité de cet homme. Mais enfin, vous écrivez Il est amoureux. Point d'exclamation. Il est amoureux. C'est évident. Alors c'est troublant, ça passe. On sait que Mitterrand n'était pas homosexuel. Grossouvre non plus, a priori, vu le nombre de maîtresses qu'il entretenait.

[00:25:55]

C'est un amour platonique, à vrai dire, en ayant une relative expérience du pouvoir. Je me suis aperçu que ce n'est pas le seul cas, à vrai dire.

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Et tous les présidents ont eu autour d'eux des hommes, souvent des hommes d'ailleurs, fascinés par eux, par leur pouvoir, par leur attraction.

[00:26:15]

Et effectivement, ça donne des amours platoniques et d'autant plus puissants qu'ils sont justement sublimés.

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Gérard Collomb avec Emmanuel Macron, par exemple, c'est un peu ça, par exemple, mais même Nicolas Sarkozy a eu autour de lui Pierre Charon, par exemple, qui vivait complètement aimanté par lui. Il y a toujours auprès des présidents des hommes comme ça qui, justement parce qu'il n'y a pas de passage à l'acte, si je puis dire de façon triviale.

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Justement, cet amour est d'autant plus puissant, meurt de désamour de la part de Mitterrand uniquement. Ou est ce qu'au fond, il est blessé par le rejet de son entourage? C'était que Joxe, Védrine, Charasse en tête, ne le supporte pas et font tout pour l'écarter.

[00:26:58]

Oui, il est à la fois disgracié, si vous voulez, parce qu'il est insupportable. Il se prend pour le patron des services secrets alors qu'il ne l'est pas du tout. Il s'attribue quantité d'avantages, si vous voulez, et pas seulement cet appartement dont il dispose. Quai-Branly, qui est un des plus beaux appartements du plan et un des plus vastes. Il est le patron des chasses présidentielles. Et donc, chaque week end, il va en grand apparat à Chambord.

[00:27:23]

Il vit comme une espèce de petit aristocrate. Si vous voulez, donc, il y a ça, évidemment. Et puis, il a un port d'arme, il a un port d'arme et donc il vit comme comme s'il était lui même vraiment au cœur de la cour. Ce qu'il est d'ailleurs, mais ça a une fin. Et donc, il y a à la fois une disgrâce. Et puis, c'est la fin du pouvoir mitterrandien, lui même vieilli.

[00:27:44]

Et il sait bien que de toute façon, il y a une issue inéluctable.

[00:27:49]

Vous écarter totalement, Rafaela, à l'issue de votre travail. Vous avez rencontré tous les protagonistes de cette affaire. Ceux qui sont vivants parce que beaucoup sont morts. Vous écarter totalement l'idée d'un assassinat? Ah oui, vraiment, j'ai regardé.

[00:28:03]

Bien sûr, ça aurait été tout à fait spectaculaire, mais ce n'est pas le cas.

[00:28:08]

Bien Galouzeau, cette certitude d'abord de l'enquête.

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Vous vouliez une enquête policière? Et puis moi même, j'ai revu tous les témoins et il est très clair, y compris ceux qui étaient les plus intimes avec Grossouvre, que Grossouvre était vraiment suicidaire.

[00:28:25]

La femme qui a vécu avec lui, Nicole, sa maîtresse, n'a pas du tout été surprise par ce suicide. Et puis, de toute façon, tout simplement, matériellement, si vous voulez. On a vu. J'ai revu tous les prélèvements qui ont été faits à l'époque. Il n'y a aucune trace d'effraction. Il n'y a aucune trace.

[00:28:45]

Qui serait grand? La PJ attend gentiment que les super gendarme de l'Elysée fait le ménage avant d'aller perquisitionner. Quand on voit les super gendarmes faire ce ménage, on se dit qu'il a pu y avoir tout un tas de trucs qui ont échappé à tout le monde. C'est compliqué quand même.

[00:28:59]

C'est compliqué de rentrer dans une pièce, de faire un suicide. Il se tire une balle sous le menton et la balle est dans le plafond.

[00:29:09]

Donc, il faudrait le maintenir, lui faire tirer une balle sous le menton. Il n'y a aucune trace par ailleurs de violences. Si vous voulez sur lui, il n'y a pas. Il n'y a pas d'empreintes. Il faut bien voir que quand on se tire une balle dans la tête, il y a quand même du sang partout et aucune empreinte dans la pièce. Donc vraiment, je ne crois pas du tout à un assassinat, même si, évidemment, cette hypothèse a fait beaucoup fantasmer la famille.

[00:29:32]

Aujourd'hui, elle y croit toujours à l'idée d'un assassinat. Est ce qu'il y a cru au début?

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Oui, en fait, ses fils sont partagés. Donc, il y en a un qui croit, l'autre pas. Voilà. Et sa femme n'y croyait pas du tout au cas. Donc, vraiment, évidemment, un assassinat, ça ferait de Grossouvre une vraie victime de François Mitterrand et sans doute pour ses fils.

[00:29:54]

Ça serait une mort peut être moins terrible qu'un suicide si on reprend les choses dans l'ordre Raphaelle, ce qui les séduit mutuellement, c'est une sorte d'agilité, d'esprit. Mitterrand est très raffiné, très vif d'esprit, et il trouve un partenaire à sa hauteur. Oui, c'est un esprit d'aventure.

[00:30:13]

Il faut bien voir que ce sont deux hommes de la guerre et qui ont vécu la même guerre ancienne. A ces troubles, ils ont commencé au fond dans la mainmise ISET.

[00:30:24]

Ils pensaient qu'au fond, le maréchal Pétain, c'était pas le bouclier formidable pour la France.

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Et puis, fin 42, début 43 ans, donc, ils ont la même vision de la guerre.

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Et cette guerre, pour eux, ça a été une vie merveilleuse, d'aventures. Voler, ça a été une excitation formidable.

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Oh Grossouvre! Il est revenu après la guerre à une vie plus morne. Il est médecin. Il est devenu industriel après un beau mariage avec une héritière du sucre qui s'ennuie et s'ennuie. Et donc, il finance L'Express, notamment pour donner un peu de piment à sa vie. Et cette rencontre avec François Mitterrand, c'est ce piment qui arrive. Cet homme séduisant qui lui même a un passé un peu trouble, qui a la séduction qu'on connaît à Mitterrand.

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Et c'est vrai que ça va être un coup de foudre.

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Ce sont tous les deux des provinciaux. J'ai insisté là dessus parce que c'est grave. Ils ne sont pas Parisiens, Grossouvre et Lyonnais. On connaît l'atavisme entre les visionner les Parisiens.

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Et Mitterrand est foncièrement bourguignon.

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Oui, et d'ailleurs, ça compte beaucoup parce qu'ils font des virées ensemble. Vraiment des virées, c'est à dire?

[00:31:35]

Merde, des virées entre hommes où on parle de femmes, drague d'ailleurs des femmes. On va dans toutes les meilleures auberges. C'est toujours Grossouvre qui paie, car il faut pas oublier que leur relation, c'est une relation d'amitié. Mais elle est d'emblée assez inégalitaire. Tout de même, il y a de la cupidité de la part de Mitterrand.

[00:31:54]

Il a trouvé son financier, la Bourse.

[00:31:56]

En tout cas, c'est un ami qui permet une vie facile. Si vous voulez Grossouvre, pas tout le temps, toujours.

[00:32:03]

La vie est agréable avec lui. Il vous invite dans sa merveilleuse maison de l'Allier. Il est toujours dans les meilleurs restaurants. Il est toujours extrêmement bien habillé. Il plaît aux femmes et tous les deux, quand il arrive quelque part, c'est vous. Et il est il aimante? Les femmes à deux, donc c'est ça aussi qui leur plaît, qui les séduit. Et cette amitié est d'abord basée là dessus.

[00:32:24]

C'est une amitié assez virile qui a un côté miroir, mon doux miroir. C'est ce que Mitterrand est au fond et flatté par tout ce que l'autre peut lui dire comme gentillet sur sa manière de parler, sur son intelligence, sur son programme, sur son discours, sur tout ça.

[00:32:38]

Oui. Et en même temps, il ne faut pas. Il ne faudrait pas faire de Grossouvre quelqu'un de flatteur ou un peu à peu niais. Pas du tout. Il est aussi très intelligent. Il a beaucoup d'esprit Grossouvre et beaucoup de culture. Donc, qu'ils s'amusent entre eux. En fait, la relation va peu à peu devenir de plus en plus inégalitaire. Parce que non seulement Grossouvre paye, mais parce que l'un va peu à peu monter vers le pouvoir quand l'autre ne reste qu'un industriel.

[00:33:06]

Alors, on se dit que ce qui scelle cette amitié existante préexistante, c'est évidemment le secret lié à l'existence de Anne Pingeot, puis à la naissance de Mazarine. Est ce que ça peut expliquer, par exemple, que quand Mitterrand, très agacé par lui, le Girs en 1985, il le garde quand même à l'Elysée parce qu'il sait qu'il est détenteur du secret?

[00:33:31]

Bien sûr, bien sûr.

[00:33:32]

Et d'ailleurs, quand elle a à l'Elysée, les gens s'interrogeaient mais que fait ce type qui est là, dans ce bureau qui a un appartement du Quai-Branly alors qu'on ne le voit jamais dans aucune réunion? Que fait il? Eh bien, la réponse, c'était il est le ministre de la Vie privée et donc sa ministre de la Vie privée. C'est évidemment non seulement détenir un secret, mais détenir toutes les armes et tous les outils pour le bon plaisir du président.

[00:33:59]

Parce que non seulement il protège Anne Pingeot, il l'éduque. Mazarine, c'est lui qui va lui apprendre à monter à cheval. C'est lui qui, effectivement, pourvoit au week end. Donc, il est vraiment au courant de toute la vie privée et il y participe. Vous avez vu Mazarine?

[00:34:21]

Elle dit qu'elle ne se souvient plus de son parrain.

[00:34:24]

Donc, si on lui a pris l'habitude, il a estimé qu'il était juste dessus. Il lui a fait faire ses devoirs pendant des années.

[00:34:32]

Quand on Grossouvre dit le jour de son suicide à son fils ou au cours du déjeuner, regarde le type là bas, il me suit tout le temps. Il y a toujours quelqu'un qui me suit. Est ce qu'à partir de 85? On se méfie de gros sous. Et le fait Effilochés ne le fait pas suivre, mais en revanche, il le fera écouter, c'est à dire que quand les grand comme les autres, quand Mitterrand va déclencher ces écoutes téléphoniques dont on sait qu'elle visait d'abord à protéger Mazarine et qu'elles ont permis d'écouter, y compris des journalistes qui enquêtait sur François Mitterrand.

[00:35:05]

Il est aussi tombé sur les écoutes de François de Grossouvre et donc Grossouvre était écouté. Et donc, Mitterrand savait exactement à quoi s'en tenir. Il savait très bien que Grossouvre, à la fois, faisait aussi des affaires pour lui même utiliser sa carte de visite. Et il savait que Grossouvre usait de ses relations pour débiner l'entourage de Mitterrand et donc le président aussi lui même.

[00:35:28]

Toujours autour de cette histoire de Mazarine, il y a une gêne que je n'ai pas eu le temps de raconter, mais qui, dans votre livre qui est formidable, c'est que à un moment donné, le secret commence à être éventé de l'existence de Mazarine et Minute. Le journal d'extrême droite et détenteur de photos de Mazarine s'apprête à les publier et Grossouvre va négocier avec une valise de biftons. Ils viennent d'où ces biftons? Ah ben, il a toujours de l'argent liquide.

[00:35:53]

Vous voulez d'abord à l'Elysée? Y a toujours de l'argent liquide, mais les fonds secrets, les grosses, les fonds secrets. Et Grossouvre lui même paye une partie des choses. Donc, il va aller négocier effectivement avec de l'argent liquide et racheter les photos de façon à ce que Minute ne les publie pas. Combien?

[00:36:07]

Je ne sais pas, mais probablement assez cher parce qu'effectivement, Minute y renonce. Alors que Minute ne renonçait pas souvent à sortir des informations compromettantes contre François Mitterrand quand il quitte l'Elysée, quelque chose, c'est quelque chose que je n'ai pas raconte.

[00:36:24]

Quand il perd sa fonction, celle qu'il gagne en 81, en 85, quand Mitterrand le médiocre, mais le garde quand même un peu dans un coin, il fait quelque chose aujourd'hui me parait hallucinant. Il va bosser pour Dassault.

[00:36:37]

A l'époque, on fait des choses qui sont absolument impossible aujourd'hui. Mais effectivement, il va immédiatement user de ses relations nouées à l'Elysée pour aller chez Dassault négocier des contrats.

[00:36:48]

D'ailleurs, il n'est pas très bon dans ce genre. Berlu? Non, 90 90.000 francs par mois quand même, il gagne.

[00:36:54]

A vrai dire, on achète son influence et son influence supposée. C'est ça qui se passe. C'est un vrai conflit d'intérêts, comme on dirait aujourd'hui.

[00:37:02]

Mais il n'est pas très doué là dedans. Et surtout, il s'étiole en fait. Loin, loin du pouvoir de Mitterrand, loin de la cour. Et il ne va avoir de cesse que d'y revenir.

[00:37:13]

Autres petites questions un peu indiscrète qu'est ce que c'est que cette histoire de fiole? Il se promenait avec des fioles des Mitterrand pour lutter contre son impuissance. Il avait 76 ans.

[00:37:23]

Oui, en fait, c'est un homme qui a toujours séduit, qui est toujours séduit. Des femmes beaucoup plus jeunes. Nicole, sa maîtresse. Après 30 ans de moins que lui, il faut bien imaginer ça. La Dogad assuré, quoi.

[00:37:34]

C'est un effort permanent que de vivre avec quelqu'un qui est beaucoup plus jeune que lui.

[00:37:38]

On n'a pas rencontré qui fait beaucoup de sport. Il fait 50 bombes par jour tous les jours.

[00:37:42]

C'est un homme presque. J'étais presque parfois TouchID de l'imaginer, d'imaginer l'effort qu'il faisait sur lui même pour rester jeune, pour rester dans la course. Et effectivement, il est obsédé par l'idée de vieillir et il est médecin. Donc il est particulièrement bien placé, si vous voulez, pour mesurer les effets de l'âge sur lui même et aussi pour avoir ce qu'il veut à la pharmacie.

[00:38:05]

Et donc, effectivement, il avait souvent surtout du génie. Ce n'était pas bien méchant, mais bien grésillement. Il était absolument obsédé par ça.

[00:38:15]

Alors revenons à sa mort. Maintenant, il y a donc ce projet de déplacer le corps. Alors là, ça se joue à quelques secondes près. Parce qu'en vérité, Charrat, ça arrive une minute plus tard, le corps est sur la civière et c'est trop tard. Il part pour où il va chez lui. On va le faire mourir chez lui.

[00:38:32]

Oui, il voulait et il hésitait entre l'emmener au Val de Grâce. Il ne savait pas où le ramener chez lui, mais ne savait pas très bien.

[00:38:38]

On comprend la tentation, c'est à dire que ça ne peut pas avoir eu lieu là, qu'on l'écarte. Et en même temps, il manque de faire une énorme bêtise qui aurait pu peser sur la dernière année du mandat de François Mitterrand. Très lourdement.

[00:38:51]

Bien sûr, mais il faut voir dans quel contexte arrive ce suicide. Car ce n'est pas le premier suicide, c'est le deuxième. Un an auparavant, Pierre Bérégovoy s'est suicidé. Et donc, il y a une atmosphère incroyablement morbide, scandaleuse, déliquescente autour de François Mitterrand. Et tout le monde comprend bien que un nouveau suicide, si vous voulez. Au cœur même de l'Elysée, c'est comme désigner François Mitterrand comme un tyran, comme un tyran, comme un monarque finissant.

[00:39:22]

Comme le déclin, le pire qui soit.

[00:39:25]

Alors, l'enquête? L'enquête a été bâclée. Disons les choses. La PJ conclut très rapidement un suicide. Non pas que ça ne soit pas un suicide puisque vous avez la certitude que c'en est temps, mais. Mais néanmoins, les éléments d'enquête de base ne sont pas au dossier.

[00:39:40]

Ce n'est pas sur le suicide en tant que telle qu'elle a baclé. Je ne sais pas sur le relevé. Prince, etc. Dans la pièce, c'est sur la fouille après la fouille au domicile. Là, franchement, il était évident qu'on avait nettoyé le domicile avant et la PJ n'a rien dit.

[00:39:58]

Mais ils ne vont pas dans l'Allier, ils ne vont pas dans la forêt, ils vont perquisitionner Quai-Branly et ils se contenteront de cela.

[00:40:06]

Ils ne vont pas non plus perquisitionner dans le coffre de son bureau, à l'Elysée, par exemple.

[00:40:11]

Non, mais de toute façon, ils ne cherchent pas bien loin et considèrent qu'il n'y a pas de y'a pas de marque de suspect d'un éventuel assassinat. Et donc, ils s'en tiennent là.

[00:40:21]

Alors ça m'intéresse bien que quoi qu'on fasse avec vous parce que vous êtes une journaliste politique. Le parallèle avec Beynat La Presse, évidemment, ce n'est pas du tout la même histoire. Mais finalement, avec cette histoire, avec votre livre, on découvre l'existence, dans l'intimité de Mitterrand, de quelqu'un qui n'a pas vraiment de fonction politique, qui a des fonctions assez privées, qui est un peu le gardien des secrets du président. On ne l'a pas su à l'époque.

[00:40:48]

Vous le saviez vous à l'époque où Grossouvre avait cette place?

[00:40:50]

J'ai débuté à cette époque et je l'avais rencontré. Et justement, je n'avais pas compris. A vrai dire, il était très véhément à l'égard de Mitterrand à l'époque. Après 85 ans, je l'avais rencontré. Kabran Lee Hooker, vraiment?

[00:41:04]

Il était longé par la rue, logé par la République, mais il taillait et déjà, il était très véhément envers tous ceux qui entouraient Mitterrand. Et il avait tapé avec sa canne sur le parquet en me disant Le secret de notre relation était là dessous et moi, je ne connaissais pas l'existence de Mazarine, laquelle était tant de gens.

[00:41:21]

Je n'avais jamais et comme je débutais, je n'avais pas du tout compris ce qu'il voulait dire. Est ce qu'il y a eu des Grossouvre ou des Ben là, du temps de Chirac, du temps de Sarkozy ou du temps de Hollande? Serre des gens aux fonctions imprécises, qui profitent de la bête, qui se nourrissent sur la bête, mais dont les fonctions relèvent plus de la vie privée que de la vie politique.

[00:41:44]

Il y en a pratiquement à chaque époque. Ce qui frappe, si vous voulez, c'est que effectivement, vous vous faites la comparaison avec Ben.

[00:41:51]

C'est une comparaison tout à fait judicieuse, car on avait dtb dollars Bandura, Ben Ali, mais en fait, il y en a toujours eu de Ben à leur époque sont très différentes avec Benallal.

[00:41:59]

Un profil particulier. M'enfin, ça ferait un magnifique personnage, lui aussi de romans, à vrai dire.

[00:42:04]

Mais vous l'écrivez, quand vous sera t il vrai que ça ressemble à cela, c'est à dire que l'Elysée ouvre le fait de faire croire ou d'avoir une réelle proximité avec le président, vous ouvre un nombre incroyable de portes et abaisse toutes les défenses. Et on voit bien avec Benallal que même la haute administration, même la hiérarchie policière, même la hiérarchie militaire, s'inclinait devant lui. Bien François de Grossouvre, c'était la même chose. C'est à dire que vraiment, il fallait être ministre de l'Intérieur comme Pierre Joxe ou ministre des Affaires étrangères comme Roland Dumas pour protester.

[00:42:37]

Parce que sinon, toute l'administration se coucher devant lui. Parce qu'il était censé être le plus proche ami de Mitterrand.

[00:42:44]

Il faut 25 ans, au fond, pour connaître la vérité d'un mandat.

[00:42:49]

C'est vrai, mais aujourd'hui, les choses vont quand même plus vite. C'est beaucoup plus difficile aujourd'hui de dissimuler des choses qu'à l'époque de Mitterrand. Mitterrand n'a pas que Grossouvre comme secret, il en a un paquet et évidemment, sa fille. Le secret le plus incroyable au coeur même du pouvoir, il restait quand même au pouvoir 14 ans sans que ses secrets de ses ventes. Ça ne serait pas aujourd'hui. Ça ne serait pas possible aujourd'hui quand même. Vous êtes sans arrêt, sous l'oeil des caméras des smartphones de La Presse et c'est beaucoup plus difficile de préserver un secret.

[00:43:22]

Je vous remercie infiniment, Raphaëlle Bacqué, d'être venu défendre ce livre que vous avez écrit il y a quelques mois déjà, publié il y a quelques mois, qui s'appelle Le dernier mort de Mitterrand, que je vous invite véritablement à lire parce que c'est un polar de la vie politique de ces années là. Et pour notre génération, évidemment, ça fonctionne comme une madeleine de Proust. On voit réapparaître des tas de gens dont on avait presque oublié l'existence.

[00:43:43]

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